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Des organisations syndicales internationales dénoncent des tentatives d’intimidation contre une déléguée syndicale en Haïti

P-au-P, 26 juil. 2017 [AlterPresse] --- Des organisations syndicales internationales condamnent des tentatives d’intimidation, orchestrées par des individus armés contre la coordonnatrice de projet pour la Confédération syndicale des Amériques /Confédération syndicale internationale (Csa/Csi), Kattia Paredes

Le secrétaire général de la Confédération française démocratique du travail (Cfdt), Laurent Berger, demande au titulaire du Ministère des affaires étrangères de la France, Jean-Yves Le Drian, d’intervenir auprès des autorités haïtiennes, pour faire la lumière sur ces tentatives d’intimidation à la résidence de Paredes, à Port-au-Prince, les samedi 8 et dimanche 9 juillet 2017.

Dans la lettre, adressée à Le Drian et dont une copie est parvenue à l’agence en ligne AlterPresse, Berger qualifie de « très graves » ces actions.

La Confédération française démocratique du travail manifeste ses inquiétudes, après ces tentatives d’intimidation, à la résidence de Kattia Paredes, de personnes armées et en uniforme, se réclamant des services migratoires, avec l’intention déclarée de l’emmener pour interrogatoire.

Les autorités ont indiqué qu’il n’y a pas eu de demandes, en ce sens, de leur part », signale l’organisation syndicale, qui s’interroge sur l’identité des commanditaires.

Paredes a préféré se mettre sous protection de l’Organisation des Nations Unies (Onu) et a pu quitter le pays, le mardi 11 juillet 2017, fait-elle savoir.

« Les tentatives d’intimidation ne s’arrêtent pas là. Des leaders syndicaux se sentent directement menacés », signale-t-elle, dans la lettre, dont une copie est adressée au secrétaire général de la Csi, Sharan Burrow, et au secrétaire général de la Csa, Victor Baez.

La Cfdt déplore également la répression anti-syndicale, déclenchée, avec des pressions, sur les représentants du personnel, le licenciement de responsables syndicaux, voire, parfois, de sections syndicales entières.

Elle regrette que le gouvernement n’ait pas réagi pour faire respecter les Conventions fondamentales de l’Organisation internationale du travail (Oit) sur la liberté syndicale et le droit de négociation collective.

« Cette situation met en danger l’activité syndicale dans ce pays, la possibilité de développer un dialogue social constructif et tous les efforts pour organiser le syndicalisme haïtien, menés, depuis 2012, grâce à la solidarité syndicale internationale, et, entre autres depuis 2015, celle de la Cfdt », condamne-t-elle.

La Cfdt souhaite le rétablissement des conditions d’un « dialogue constructif », avec les organisations syndicales haïtiennes, qui développent un travail structuré avec le syndicalisme international, tant de la part du patronat local que de l’administration du pays.

Pour sa part, l’Union syndicale ouvrière (Uso / Espagne) a aussi exprimé ses préoccupations face aux actes d’intimidation, commis contre Paredes, représentante de la Csa et de la Csi, dans une lettre en date du 24 juillet 2017, adressée au président d’Haïti, Jovenel Moïse.

Ces actes d’intimidation sont le résultat de ses activités syndicales pour la défense des travailleuses et travailleurs haïtiens, fait remarquer l’Uso, qui encourage le dialogue pour trouver des solutions aux « graves problèmes », auxquels font face les travailleuses et travailleurs haïtiens.

Elle appelle les responsables de l’administration Moïse à remplir leur devoir de servir le public et non les intérêts parasites des employeurs et d’autres pouvoirs, qui violent leurs droits.

Le coordonnateur général de la Coordination nationale des ouvriers haïtiens (Cnoha), Dominique St Eloi, annonce une semaine de mobilisation à Port-au-Prince, du lundi 31 juillet au samedi 5 août 2017, pour continuer de réclamer un ajustement salarial journalier de 800 gourdes et des accompagnements sociaux.

Entamés depuis la mi-mai 2017, devant la hausse élevée du coût de la vie, découlant de l’augmentation, le lundi 15 mai 2017, des prix des produits pétroliers en Haïti, les mouvements ouvriers ont plaidé en faveur d’une réintégration des victimes ainsi que de meilleures conditions de travail.

Face aux 335.00 gourdes (à la place des 300.00 gourdes actuelles) proposées par le Conseil supérieur des salaires (Css), les syndicats d’ouvrières et d’ouvriers de la sous-traitance ont défilé, du lundi 10 au mercredi 12 juillet 2017, dans les rues de la capitale Port-au-Prince, pour contester cette proposition et réclamer une augmentation du salaire minimum journalier à 800.00 gourdes (Ndlr : US $ 1.00 = 64.00 gourdes ; 1 euro = 78.00 gourdes ; 1 peso dominicain = 1.60 gourde aujourd’hui). [jep emb gp apr 26/07/2017 14:00]