P-au-P, 24 juil. 2017 [AlterPresse] --- Les syndicats ouvriers sont en concertation autour de la poursuite de leur mobilisation visant à réclamer 800 gourdes comme salaire minimum journalier ainsi que des avantages sociaux, indique à l’agence en ligne AlterPresse, Dominique St Eloi, coordonnateur général de la coordination nationale des ouvriers haïtiens (Cnoha).
Les syndicats menacent de relancer la mobilisation si le président Jovenel Moïse ne donne pas une réponse à leurs revendications.
De multiples promesses ont été faites aux syndicats ouvriers par le chef de l’État, lors d’une rencontre organisée au palais national, le jeudi 20 juillet 2017.
Les syndicalistes ont rejeté le salaire minimum de 335 gourdes (Ndlr : US $ 1.00 = 65.00 gourdes ; 1 euro = 78.00 gourdes ; 1 peso dominicain = 1.60 aujourd’hui), fixé par le Conseil supérieur des salaires (Css), dans son dernier rapport.
Cette proposition a été vivement contestée par les syndicats d’ouvrières et d’ouvriers de la sous-traitance, qui ont défilé, du lundi 10 au mercredi 12 juillet 2017, dans les rues de la capitale Port-au-Prince, pour réclamer une augmentation du salaire minimum journalier à 800.00 gourdes.
Sur cette question, « le président se dit prêt à la concertation, il promet de travailler sur le dossier avec son chef de cabinet ainsi que deux de ses conseillers, et de nous contacter sous peu […] », rapporte St Eloi.
« Si le président compte nous rouler dans la farine comme l’a fait le ministre des affaires sociales, et si nous n’obtenons pas de réponse du président d’ici la fin de la semaine, nous regagnerons les rues », menace-t-il.
Il se dit déterminé à obtenir le salaire journalier exigé avec tous les accompagnements sociaux.
Parmi les autres promesses qu’aurait formulées Jovenel Moïse aux syndicalistes protestataires, figurent une probable dissolution du nouveau Conseil supérieur des salaires (Css), décrié par les ouvriers dès le lendemain de sa formation.
St Eloi affirme que le président promet d’adresser une lettre au Ministère des affaires sociales et du travail (Mast), pour lui demander d’écrire aux syndicats les plus représentatifs, afin que ces derniers puissent désigner des personnalités en qui ils ont confiance pour les représenté au Css.
Selon le syndicaliste, Moïse dit avoir déjà demandé à l’Office nationale d’assurance-vieillesse (Ona) d’intégrer les ouvriers protestataires dans le programme de logements sociaux prévus pour les agents de la Police nationale d’Haïti (Pnh).
Le dossier de réintégration sans condition des syndicalistes révoqués sera pris en charge par le ministre des affaires sociales, Roosevelt Bellevue, qui a déjà mis sur pied une commission de suivi sur les révocations arbitraires.
Le rapport de cette commission qui devait être acheminé à l’exécutif dans trois jours tarde depuis environ un mois et demi.
Moïse, qui a promis de s’enquérir auprès de la commission, a également annoncé l’impression d’environ 1, 500 cartes de santé par jour par l’Office d’assurance accidents du travail, maladie et maternité (Ofatma).
Joint au téléphone par AlterPresse, Fignolé St Cyr, secrétaire général de la Centrale autonome des travailleurs haïtiens (Cath) appelle à une flexibilité dans le cadre de la lutte.
Il a tenu à applaudir la démarche des syndicats initiateurs de la mobilisation de rencontrer le président.
Il n’y a pas d’unanimité dans le secteur syndical de la branche textile sur les revendications, selon lui.
Même s’il est favorable à un salaire minimum journalier de 800 gourdes, assorti d’accompagnements sociaux, St Cyr se dit cependant prêt à faire des concessions.
« Nous pouvons accepter 400 gourdes de salaire réel et le reste doit être attribué en termes de subvention de la nourriture, du transport, etc. », souhaite-t-il.
« Si nous obtenons 400 gourdes de salaire réel et des subventions pouvant atteindre ou dépasser les 800 gourdes, nous nous retirerons du mouvement de protestation ».
Selon lui, le salaire minimum, ne peut pas résoudre le problème, il appelle à prioriser l’aspect social ainsi que la tenue d’une table sectorielle afin de répartir, auprès de différents institutions, les différents accompagnements sociaux exigés par les syndicalistes protestataires. [am bd emb gp apr 24/07/2017 09 : 40]