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Haïti-Sous-traitance : Le syndicaliste Dominique St Eloi dénonce des négociations suspectes, préjudiciables aux revendications ouvrières

P-au-P, 19 juil. 2017 [AlterPresse] --- Le coordonnateur général de la Coordination nationale des ouvriers haïtiens (Cnoha), Dominique St Eloi, dénonce des négociations suspectes entre des syndicats « bidons » et l’exécutif, préjudiciables aux revendications ouvrières.

Dans une interview accordée à AlterPresse, il critique le secrétaire général de la Centrale autonome des travailleurs haïtiens (Cath), Fignolé St Cyr, pour avoir pris part, le mardi 18 juillet 2017, à une réunion organisée au palais national avec le président Jovenel Moïse.

St Eloi l’accuse également d’être à la solde du secteur patronal.

Des syndicats de la branche textile ont boudé l’invitation du président à cette réunion.

« Le secrétariat du palais national m’a contacté, alors que j’ai appris que d’autres syndicats bidons seraient présents, j’ai décliné l’invitation », indique le coordonnateur général de la Cnoha.

Les syndicats qui n’ont pas participé à la rencontre sont la Centrale nationale des ouvriers haïtiens (Cnoha), la Platfòm sendikal izin tekstil- Batay ouvriye (plateforme syndicale des usines textiles- lutte ouvrière, sigle créole Plasit-Bo) et le Groupement syndical des travailleuses, travailleurs pour la réexportation assemblage/Confédération des travailleurs du secteur public (Gosttra/ctsp).

Fignolé St Cyr et les autres syndicats qu’il qualifie de bidons auraient déjà ourdi un complot en 2015 pour faire bloquer le salaire minimum journalier à 250 gourdes pour une période de 3 ans, rapporte St Eloi.

« Fignolé St Cyr est en train de faire un pélerinage dans les médias [faire une ronde des médias] depuis ce matin [19 juillet 2017] pour faire croire que nous sommes prêts à accepter une hausse du salaire minimum à 400 gourdes ».

« Fignolé St Cyr n’est pas le porte-parole des ouvriers.Nous, les trois syndicats initiateurs du mouvement de protestation, n’avons demandé à quiconque de parler en notre nom. Nous avons une revendication réelle, juste et raisonnable qui consiste en un salaire minimum journalier de 800 gourdes assorti d’avantage sociaux », insiste-t-il..

Pour sa part, St Cyr, également joint au téléphone par AlterPresse, indique qu’il n’a effectué aucune ronde de médias. « J’ai assisté à la réunion, le président voulait seulement avoir des informations autour des revendications des ouvriers », se défend-il.

Il rapporte avoir répondu au président qui lui a demandé d’indiquer un chiffre à la fin de la réunion qu’un salaire 400 gourdes en monnaie réelle par jour avec d’autres avantages serait acceptable.

St Cyr, qui confirme qu’aucun engagement n’a été pris par les parties, dit se réjouir que l’exécutif n’ait pas tenu compte du rapport du nouveau Conseil supérieur des salaires décrié par ses pairs.

Dominique St Eloi félicite le courage des ouvrières et ouvriers “qui tiennent tête au système d’exploitation dans la branche textile […] Nous sommes en position de force par rapport aux patrons et nous insisterons jusqu’à ce que nous obtenions satisfaction », insiste-t-il.

Un ajustement de 35.00 gourdes (soit 11.7% du salaire minimum journalier, actuellement de 300.00 gourdes) a été proposé, le vendredi 7 juillet 2017, pour les industries d’assemblages et manufacturières tournées vers l’exportation, par le Conseil supérieur des salaires (Css), dont la composition est contestée par les syndicats d’ouvrières et d’ouvriers de la sous-traitance.

Dans une correspondance, en date du 14 juillet 2017, le Ministère des affaires sociales et du travail (Mast) demande au Css de revoir sa proposition, à travers des réflexions beaucoup plus approfondies sur le salaire minimum journalier.

Du lundi 10 au mercredi 12 juillet 2017, plusieurs milliers d’ouvrières et d’ouvriers de la sous-traitance ont défilé dans les rues de la capitale Port-au-Prince, pour réclamer une augmentation de salaire à 800 gourdes. [am emb gp apr 19/07/2017 16:30]