P-au-P, 18 juil. 2017 [AlterPresse] --- La coordonnatrice de Batay ouvriye (Lutte ouvrière), Yanick Etienne, encourage des négociations au plus haut niveau entre les syndicats ouvriers de la branche textile et le pouvoir en place, dans une interview accordée à l’agence en ligne AlterPresse.
Elle indique qu’à présent aucune négociation n’a lieu entre les syndicats, l’exécutif et le patronat.
Les syndicalistes disent ne pas reconnaître le nouveau Conseil supérieur des salaires (Css) qu’ils considèrent comme caduc.
Dans une correspondance en date du 14 juillet 2017, le titulaire du Ministère des affaires sociales (Mast), Roosevelt Bellevue, demande au président du Css, Renan Hedouville, de procéder, lui et le conseil qu’il dirige, à des réflexions beaucoup plus approfondies, « […] afin de favoriser une décision juste et appropriée du chef de l’État, relative au salaire minimum ».
Cette décision devrait garantir « l’amélioration des conditions de travail des salariés et maintenir la confiance des investisseurs présents et futurs en Haïti […] ». Et ce dans un délai ne dépassant pas 72 heures.
Une résolution du Sénat, adoptée le 11 juillet dernier a demandé à l’Exécutif de surseoir à la publication du rapport du Css, fixant le salaire minimum des ouvriers à 335 gourdes (Ndlr : US $ 1.00 = 65.00 gourdes ; 1 euro = 78.00 gourdes ; 1 peso dominicain = 1.60 aujourd’hui).
Au nom des syndicats, Etienne, qui minimise la demande de Bellevue, dénonce les violations des droits des ouvriers par des patrons et le non-respect du droit syndical.
Par ailleurs, les syndicalistes exigent la réintégration dans leurs fonctions des ouvriers révoqués et pointent du droit l’ingérence de l’exécutif dans la mise en place arbitraire du Css.
Ils exigent également la mise sur pied d’une commission pour évaluer tous les cadres légaux concernant le fonctionnement de l’Office national d’assurance vieillesse (Ona).
Même si les syndicats ne gagnent pas les rues, la mobilisation continue à l’intérieur des usines par des activités de sensibilisation auprès des ouvrières et ouvriers, indique Etienne.
Les protestataires lancent un ultimatum jusqu’au mercredi 19 juillet 2017 au gouvernement pour se prononcer sur les revendications des ouvriers de la branche textile. Passé ce délai, ils menacent de reprendre la mobilisation.
Du lundi 10 au mercredi 12 juillet 2017, plusieurs milliers d’ouvrières et d’ouvriers de la sous-traitance ont défilé dans les rues de la capitale Port-au-Prince, pour réclamer une augmentation de salaire à 800 gourdes.
Depuis le vendredi 19 mai 2017, plusieurs rassemblements, organisés par des syndicats d’ouvrières et d’ouvriers, en vue d’exiger ce rehaussement salarial ont été violemment dispersés, à plusieurs reprises, par la Police nationale d’Haïti (Pnh).
Cette révision du salaire minimum devrait permettre aux ouvrières et ouvriers de faire face à l’inflation, à la flambée des prix des produits de première nécessité et à l’augmentation des prix du carburant, ayant une incidence sur les prix des transports publics.
Du lundi 5 au lundi 12 juin 2017, les ouvrières et ouvriers ont aussi observé une trêve de 7 jours en vue de faciliter les négociations entre les représentants des syndicats, ceux du secteur patronal, des parlementaires et les membres d’une commission présidentielle, chargée de trouver une issue à la crise. [am emb gp apr 18/07/2017 15 :20]