P-au-P, 13 juil. 2017 [AlterPresse] --- Le sénateur Antonio Cheramy, président de la commission des affaires sociales du Sénat, estime que l’instabilité menace Haïti, si le patronat et l’exécutif ne prêtent pas attention aux revendications salariales des ouvriers de la sous-traitance.
Une résolution adoptée le mardi 11 juillet 2017 par le Sénat demande à l’Exécutif de surseoir à la publication du rapport du Conseil supérieur des salaires (Css), fixant le salaire minimum des ouvriers à 335 gourdes (Ndlr : US $ 1.00 = 65.00 gourdes ; 1 euro = 78.00 gourdes ; 1 peso dominicain = 1.60 aujourd’hui).
Cette résolution a été transmise au président de la République, Jovenel Moïse aux fins de publication au journal officiel « Le Moniteur ».
A propos de l’éventualité d’une non publication de cette résolution dans le journal officiel par l’Exécutif, Cheramy soutient, dans une interview accordée à AlterPresse, que le président Jovenel Moïse n’a pas ce droit.
« Lorsqu’on envoie une résolution au président, il est contraint de le publier », rappelle-t-il faisant référence à l’article 125 de la constitution en vigueur.
Une publication par le président du rapport du Css risque de créer une instabilité, prévient-il.
Dans le document dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse, le Sénat exhorte l’Exécutif de consulter les experts en la matière en vue de vérifier la conformité des indices macro-économiques utilisés dans l’élaboration du rapport du Css au regard des conditions matérielles d’existences des ouvrières et ouvriers.
Après celles du lundi 10 et mardi 11 juillet 2017, les mobilisations ouvrières qui ont rassemblé plusieurs milliers d’ouvrières et d’ouvriers de la sous-traitance se sont poursuivies, le mercredi 12 juillet, dans les rues de la capitale Port-au-Prince, pour réclamer une augmentation de salaire à 800 gourdes.
Dans le rapport du Css, publié le vendredi 7 juillet 2017, le salaire minimum qui était de 300 gourdes est fixé à 335 gourdes pour les industries d’assemblages et manufacturières tournées vers l’exportation.
Joint au téléphone par AlterPresse, la porte-parole de l’organisation Batay ouvriye (lutte ouvrière), Yanick Etienne estime que la résolution du Sénat constitue un « pas positif » dans la lutte des ouvriers.
« C’est également notre position. Il faut que l’Exécutif ne tienne pas compte des recommandations de ce rapport (du Css) ».
Etienne annonce une « certaine forme de radicalisation » de la mobilisation des ouvriers, au cas où l’exécutif publierait le rapport du Css.
En plus de surseoir sur la publication du rapport, Batay ouvriye plaide en faveur de négociations entre les différents protagonistes concernés en vue de déboucher sur des salaires réellement négociés et un consensus sur les autres revendications des ouvriers. [jd emb gp apr 13/07/2017 10 :50]