P-au-P, 11 juil. 2017 [AlterPresse] --- Des organisations de la société civile critiquent le nouvel ajustement salarial de 335 gourdes (Ndlr : US $ 1.00 = 65.00 gourdes ; 1 euro = 78.00 gourdes ; 1 peso dominicain = 1.60 aujourd’hui) proposé par le Conseil supérieur des salaires (Css) au lieu des 800 gourdes réclamées par les syndicats ouvriers de la branche textile.
Dans des interviews accordées à l’agence en ligne AlterPresse, elles plaident en faveur d’un meilleur traitement salarial des ouvriers face à l’inflation galopante.
La directrice exécutive de la Solidarité des femmes haïtiennes (Sofa), Marie Evelyne Larrieux, exprime sa réserve vis-à-vis du mode de calcul utilisé pour fixer le salaire minimum.
Quelle est la formule utilisée par les membres du Css pour arriver à cet ajustement du salaire minimum des ouvriers ?, se demande-t-elle.
Si le Css avait utilisé la formule de l’Indice des prix à la consommation (Ipc), il aurait pu se rendre compte que le salaire minimum n’aurait pas pu être fixé à 335 gourdes, estime-t-elle.
Le salaire minimum qui était de 300 gourdes est passé à 335 gourdes, soit un ajustement de 11.7 % pour les industries d’assemblages et manufacturières tournées vers l’exportation suivant le 4e rapport du Css, publié le vendredi 7 juillet 2017.
Cette décision aura des incidences sur la capacité des parents de s’acquitter des frais scolaires de l’année académique 2017-2018, augure Larrieux.
Pour sa part, Guy Numa, membre de la coordination du Mouvement démocratique populaire (Modep) dénonce le comportement des autorités de l’État ainsi que des membres du Css qui ont ajouté seulement 35 gourdes sur le salaire des ouvriers.
Cette action constitue, dit-il, un camouflet contre la lutte revendicative en cours, qui exige de meilleures conditions de travail.
L’ouvrier doit avoir un salaire qui puisse lui permettre de vivre normalement en tant qu’être humain, souhaite-t-il.
Ce nouvel ajustement salarial rend encore plus fragile la conjoncture actuelle et risque de faire éclater d’éventuels conflits, avertit le coordonnateur national de la Commission épiscopale (catholique romaine) Justice et paix (Ce/Jilap), Me Rovelson Apollon.
La décision du Css de fixer le salaire à 335 gourdes ne reflète pas la réalité du pays, face à l’inflation galopante, indique-t-il.
Le pays vit un moment socio-politique vraiment complexe. Il ressemble à un baril de poudre qui pourrait éclater à n’importe quel moment à cause des contradictions profondes existantes, prévient Apollon.
Plusieurs milliers d’ouvrières et d’ouvriers de la sous-traitance ont défilé dans les rues de la capitale Port-au-Prince, le lundi 10 juillet 2017, pour continuer de réclamer une augmentation de salaire à 800 gourdes.
Les syndicats ouvriers ont annoncé d’autres journées de manifestations les mardi 11 et mercredi 12 juillet 2017, au cas où les revendications ouvrières ne seraient pas satisfaites. [jep emb gp apr 11/07/2017 10 :40]