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Haïti-R.D/Migration : Plus de 30 mille migrants haïtiens, contraints de traverser la frontière en six mois, selon le Garr

P-au-P, 7 juil. 2017 [AlterPresse] --- 30, 486 ressortissantes et ressortissants haïtiens ont été contraints de traverser la frontière haïtiano-dominicaine au cours du premier semestre de l’année 2017 (de janvier à juin 2017), rapporte le Groupe d’appui aux rapatriés et réfugiés (Garr), dans une note transmise à l’agence en ligne AlterPresse.

« Les autorités dominicaines n’entendent pas stopper les opérations de rapatriement. (…) De ce nombre, 14, 179 rapatriés et 16, 307 retournés ont été enregistrés au niveau de trois des quatre points frontaliers officiels d’Haïti et de la République Dominicaine », précise le Garr.

Parmi les points frontaliers officiels, celui de Belladère/Elias Pina a accueilli le plus de personnes rapatriées pour ce premier semestre de l’année 2017 avec un effectif de 6, 229 personnes. Vient ensuite celui de Ouanaminthe/Dajabón avec 6, 034 personnes.

En dernier lieu, on retrouve la frontière Malpasse/Jimani, avec 1, 916 rapatriés recensés.

Ces chiffres viennent allonger la liste des migrantes et migrants rapatriés, enregistrés entre juin 2015 à juin 2017, indique le Garr.

Il souligne la nécessité pour le gouvernement haïtien de travailler avec son homologue dominicain pour le respect du protocole sur les mécanismes de rapatriement et son adaptation à la réalité de l’heure, surtout face à l’intensification des opérations de rapatriements qui se font dans des conditions infrahumaines.

« Un total de 204,911 ressortissantes et ressortissants haïtiens dont 121,868 retournés spontanés et 83,043 rapatriés ont déjà traversé la frontière haïtiano-dominicaine. Parmi ces personnes, 3, 558 mineurs non accompagnés n’ont pas été épargnés », fait-il savoir.

Parmi les migrants rapatriés, on compte 93% hommes et 6.3% femmes, originaires, pour la plupart, des départements de l’Ouest et du Sud-Est, notamment de Cornillon, Fonds-Verettes et Anse-à-Pitres.

Ces gens ont laissé leur pays pour s’adonner généralement à l’agriculture, aux travaux de construction et au commerce en République Dominicaine, selon les témoignages.

Des migrants ont déclaré avoir été arrêtés dans les rues de la République voisine et sur leurs lieux de travail, notamment dans les jardins, les chantiers de construction ou dans d’autres espaces de travail.

« Ces gens n’ont jamais eu l’opportunité de récupérer leurs biens qu’ils avaient accumulés après de longues années de travail en République Dominicaine. Ils n’ont pas non plus eu la possibilité de prendre leurs enfants en bas âge ou d’informer d’autres membres de leur famille qu’ils ont laissés en terre voisine », condamne le Garr.

Ces ressortissants arrivent en Haïti, traumatisés, fatigués, malades, affamés et dépourvus de tout, constate-t-il.

Ces personnes rapatriées ont dénoncé aussi d’autres cas de violations répétées de droits humains : confiscation ou destruction de leurs documents d’identité, conditions dégradantes, cruelles et inhumaines de détention, et non accès à l’information et non accès à la justice.

« Il est aussi révélé que la majorité des personnes rapatriées et retournées, soit un pourcentage de 92.9 %, se situent entre 18 à 49 ans. Une force de travail importante qui serait utile au développement de leur pays », déplore le Garr.

Il exhorte les autorités haïtiennes à poursuivre le dialogue binational avec l’État dominicain tout en accordant la priorité au dossier des 239 mille migrants haïtiens dont les permis de séjour ont expiré depuis le 17 juin 2017.

Ce qui permettra, dit-il, d’éviter que la situation se détériore dans les prochains jours. [jep emb gp apr 07/07/2017 10 :20]