P-au-P, 04 juil. 2017 [AlterPresse] --- Les syndicats ouvriers de la branche textile lancent, au gouvernement de Jack Guy Lafontant, un ultimatum de quatre (4) jours (jusqu’au vendredi 7 juillet 2017, au plus tard), pour publier l’arrêté présidentiel, fixant le salaire minimum journalier à 800.00 gourdes, à la place des 300.00 gourdes actuelles (Ndlr : US $ 1.00 = 65.00 gourdes ; 1 euro = 78.00 gourdes ; 1 peso dominicain = 1.60 aujourd’hui).
Depuis l’augmentation, à partir du lundi 15 mai 2017, des prix des produits pétroliers et la hausse subséquente des tarifs de transports publics, une ouvrière et un ouvrier dépensent, en moyenne, quotidiennement, 90.00 gourdes pour les transports publics (de leurs résidences à leirs lieux de travail), 150.00 gourdes pour la nourriture et 60.00 gourdes pour des boissons, soit un total de 300.00 gourdes équivalant au montant du salaire minimum journalier, relèvent les syndicats ouvriers protestataires.
Les ouvrières et ouvriers, qui n’entendent pas baisser les bras, menacent de reprendre la mobilisation dans les rues, les lundi 10, mardi 11 et mercredi 12 juillet 2017, au cas où leurs revendications ne seraient pas satisfaites cette semaine, déclarent-ils, lors d’une conférence de presse, ce mardi 4 juillet 2017, à laquelle a assisté l’agence en ligne AlterPresse, .
« Faire comprendre que seul le Conseil supérieur des salaires (Css) doit faire ses recommandations (à ce sujet) n’est pas une approche, pouvant donner des réponses à nos revendications », soutient Télémaque Pierre, porte-parole de la Platfom sendikal izin tekstil- Batay ouvriye (Plasit-Bo).
Plasit-Bo dénonce, à l’avance, le rapport du Css, qui devrait être rendu public, durant la fin de cette semaine, et qui aurait seulement prévu un ajustement de 30.00 gourdes.
En ce sens, Plasit-Bo exige, de la part du gouvernement, des réponses claires autour « de la réintégration des membres des syndicats, révoqués arbitrairement et illégalement, pour avoir participé à la mobilisation pour l’ajustement du salaire minimum journalier ».
Plasit-Bo plaide en faveur d’une rencontre, en urgence, en vue de faire le point sur les revendications des ouvrières et ouvriers, et de définir des mécanismes pour les résoudre.
Cette rencontre devrait permettre de créer un espace, pouvant mettre ensemble les représentants des syndicats, de l’État et les patrons, pour discuter et négocier, en vue de trouver un accord autour de la crise.
Plasit-Bo pointe du doigt la direction du travail, au Ministère des affaires sociales et du travail (Mast), qui, à son avis, ne ferait pas la promotion du dialogue social.
C’est la même position, affichée par le coordonnateur général de la Coordination nationale des ouvriers haïtiens (Cnoha), Dominique St Eloi, qui dénonce la position de Pierre Joseph Polycarpe (nommé au Css par le gouvernement), qui serait opposé à l’augmentation du salaire minimum.
Fritz Charles serait également membre du directoire du parti politique Respè, dirigé par l’ancien candidat à la présidence, Charles-Henry Baker, patron d’une usine textile.
Les entrepreneurs américains, coréens, dominicains, propriétaires d’usines d’assemblage en Haïti, seraient favorables à une augmentation du salaire minimum journalier, informe la Cnoha, qui pointe du doigt André Apaid (Andy Apaid), Alain Villard, Charles-Henry Baker, tous des patrons d’usines, qui seraient opposés au relèvement du salire minimum journalier en Haïti.
« Le processus équitable, pacifique et institutionnel, pour examiner les salaires, est nécessaire, afin de sauvegarder l’opportunité temporaire et spéciale qu’a Haïti aujourd’hui ».
C’est ce qu’estime l’entrepreneur dominicain Fernando Capellan, président,-directeur général de l’entreprise Grupo M, propriétaire de la Compagnie de développement industriel (Codevi), à Ouanaminthe (Nord-Est d’Haïti, sur la frontière commune avec Dajabon, République Dominicaine), le deuxième plus grand employeur dans la branche textile en Haïti, dans une correspondance en date du jeudi 29 juin 2017, dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
« Notre position est d’attendre que le Conseil (supérieur des salaires) ait rencontré toutes les parties concernées et qu’il prenne pour Haïti la bonne décision, que notre entreprise respectera. (…), lit-on dans la lettre.
La Cnoha appelle les ouvrières et ouvriers à rester mobilisés pour continuer d’exiger un ajustement du salaire minimum à 800.00 gourdes.
Plusieurs milliers d’ouvrières et d’ouvriers de la sous-traitance ont manifesté, le lundi 26 juin 2017, dans les rues de Port-au-Prince, en vue de réclamer ce nouvel ajustement salarial.
Ces mouvements de protestations, en faveur de meilleures conditions de travail, sont entamés, depuis la mi-mai 2017, devant la hausse élevée du coût de la vie, découlant de l’augmentation, le lundi 15 mai 2017, des prix des produits pétroliers en Haïti (qui n’ont pas subi de hausse sur le marché international), de l’ajustement de tous les prix des transports publics et des effets multiplicateurs sur l’ensemeble des prix des beins essentiels, de cette hausse des prix des produits pétroliers, décidée par le gouvernement de Jack Guy Lafontant.
A date (début juillet 2017), les dispositions institutionnelles d’accompagnement, annoncées, depuis lors, par le Ministère des affires sociales et du travail, ne sont pas encore effectives pour les ouvrières et ouvriers dans la sous-traitance en Haïti. [jd emb rc apr 04/07/2017 14:30]