P-au-P, 04 juil. 2017 [AlterPresse] --- La Plateforme des organisations haïtiennes de défense des droits humains (Pohdh) exhorte les autorités haïtiennes à prendre « des dispositions nécessaires et adéquates », afin de faire respecter les droits des travailleuses et travailleurs.
Les travailleuses et travailleurs doivent avoir un niveau de vie suffisant, souhaite la Pohdh, lors d’une conférence-débats, le vendredi 30 juin 2017 et à laquelle a assisté l’agence en ligne AlterPresse.
Un portrait assez sombre des conditions de travail des travailleuses et travailleurs haïtiens a été dressé, lors de l’activité déroulée autour du thème « les conditions de travail en Haïti au regard des droits humains ».
« Le droit du travail est un droit fondamental, qui est garanti par la Constitution haïtienne, la déclaration universelle des droits humains et le Pacte international relatif aux droits sociaux économiques et culturels (Pidesc), rappelle le secrétaire exécutif de la Pohdh, Alermy Piervilus.
Par rapport au cadre légal, sur la loi du travail et les conditions de travail en Haïti, la Pohdh souligne l’existence d’un énorme fossé et d’une situation assez critique.
L’État doit assumer ses responsabilités, pour permettre aux travailleuses et travailleurs d’avoir un niveau de salaires, capable de répondre à leurs besoins et à ceux de leurs familles, pour qu’ils puissent reproduire leur vie.
La Pohdh plaide pour un accès à la sécurité et à la protection sociale en faveur des travailleuses et travailleurs, en vue de les aider à absorber « des chocs sociaux ».
Ce qu’ils gagnent, comme salaires, n’est pas suffisant pour répondre à leurs besoins primaires de base, critique-t-elle.
Elle interpelle les autorités haïtiennes à se pencher sur la situation des ouvrières et ouvriers, en prenant des mesures appropriées pour satisfaire les revendications de ces derniers, qui réclament un ajustement salarial de 800.00 gourdes (au lieu des 300.00 gourdes actuelles / Ndlr : US$ 1.00 = 65.00 gourdes ; 1 euro = 78.00 gourdes ; 1 peso dominicain = 1.60 gourde aujourd’hui).
La Pohdh souhaite que le Conseil supérieur des salaires (Css) livre un rapport d’analyse objective de la situation, accompagné de recommandations pouvant aider à mettre un terme à la crise, qui secoue la branche de la sous-traitance depuis le débu, à la mi-mai 2017,t du mouvement de revendication des ouvrières et ouvriers,.
Pour sa part, Yanick Etienne, ancien membre du Css et porte-parole de l’organisation Batay ouvriye (Lutte ouvrière), fustige le non-respect des droits économiques et sociaux des travailleuses et travailleurs.
La lutte ouvrière n’est pas seulement l’apanage des ouvrières et ouvriers, mais elle concerne aussi l’ensemble de la société, qui doit lutter pour un chambardement du système existant, estime-t-elle.
Batay ouvriye appelle à mener une lutte, liée à la qualité des emplois, établis dans le pays, ainsi qu’aux instruments légaux en la matière, qui seraient, selon elle, inopérants, inexacts et non fonctionnels.
Plusieurs milliers d’ouvrières et d’ouvriers de la sous-traitance ont, de nouveau, manifesté, le lundi 26 juin 2017, dans les rues de Port-au-Prince, en vue de réclamer à nouveau un ajustement salarial à 800.00 gourdes et de meilleurs accompagnements sociaux.
Depuis l’augmentation, à partir du lundi 15 mai 2017, des prix des produits pétroliers et la hausse subséquente des tarifs de transports publics, une ouvrière et un ouvrier dépensent quotidiennement 90.00 gourdes pour les transports publics, 150.00 gourdes pour la nourriture et 60.00 gourdes pour des boissons, soit un total de 300.00 gourdes équivalant au montant du salaire minimum journalier, selon un décompte des syndicats ouvriers protestataires.
Ces mouvements de protestations, en faveur de meilleures conditions de travail, sont entamés, depuis la mi-mai 2017, face à la hausse vertigineuse des prix des biens essentiels sur le marché national. [bd emb rc apr 04/07/2017 08:35]