P-au-P, 30 juin 2017 [AlterPresse] --- Le docteur Junot Félix, également coordonnateur général du parti Aksyon pou konstwi yon Ayiti ὸganize (Akao) critique le système de santé haïtien, jugé totalement inefficace.
Les chiffres montrent clairement que le système de santé haïtien est totalement inefficace, déclare Félix, invité à l’émission TiChèzBa, prévue pour être diffusée les samedi 1er et dimanche 02 juillet 2017, sur la station en ligne AlterRadio (samedi : 7:00 am, 3:00 pm ; dimanche : 7:00 am, 1:00 pm, 5:00 pm).
Interrogé sur le dernier rapport de la Banque mondiale, à propos du financement de la santé en Haïti, le médecin souligne que les indicateurs de santé sont au rouge et il y a, dit-il, un urgent besoin de restructuration.
Le nombre de cas de tuberculose et de malaria a considérablement augmenté, en dépit du fait qu’il y a une grande campagne de lutte contre cette maladie, depuis des années.
La mortalité maternelle demeure toujours élevée en Haïti, avec 630 femmes décédées pour chaque 100 mille naissances vivantes, rappelle-t-il.
L’État ne se préoccupe pas de faire fonctionner un vrai système de santé en faveur de la population, parce qu’il n’y accorde pas d’importance, fustige le coordonnateur général du parti Akao, se référant au budget de la santé, qui a beaucoup baissé ces dernières années.
Ce budget de santé est passé de 16.6% du budget national en 2004 à 4.4% du budget national actuel (exercice fiscal en cours, du 1er octobre 2016 au 30 septembre 2017), selon le nouveau rapport de la Banque mondiale.
Ce chiffre est supérieur à la moyenne de la région d’Amérique latine et Caraïbes, précise-t-il.
Seuls 68% des enfants de moins de 24 mois ont reçu les trois doses du vaccin contre la diphtérie, le tétanos et la coqueluche. Ce chiffre est de 80% dans les pays de niveau économique similaire, rappelle la Banque mondiale.
Celle-ci plaide en faveur de plus d’investissements publics et d’une meilleure allocation des dépenses pour améliorer l’accès aux soins de santé pour toutes les Haïtiennes et tous les Haïtiens.
La question fondamentale du système de santé reste son mode de financement, explique le Dr Junot Félix.
En plus de sa critique contre le mode de fonctionnement des hôpitaux privés, qui ne produisent pas de soins de santé, il fustige également l’absence de fonction hôtelière dans les hôpitaux publics, où les malades ne sont même pas nourris.
Il constate également un manque d’investissement au niveau des équipements et matériels dans les hôpitaux publics.
Des efforts ont été accomplis pour diminuer la prévalence du Sida en Haïti, la mortalité infantile et augmenter l’espérance de vie à la naissance, reconnaît-il.
Crise à l’Université d’État d’Haïti : Tactique incompréhensible des protagonistes
Par ailleurs, au cours de la même émission, le Dr Junot Félix s’est prononcé sur la grave crise qui secoue l’Université d’État d’Haïti (Ueh).
Félix dit ne pas comprendre la tactique de lutte des protagonistes (principalement étudiants et professeurs), qui se livrent un combat acharné, alors qu’ils devraient se mettre ensemble pour contraindre l’État à rendre disponibles les ressources nécessaires pour le bon fonctionnement de l’Université.
Le récent épisode de la crise est marqué par la violence.
John Rock Gourgueder Jean, un jeune étudiant en anthropo-sociologie, préalablement expulsé de la Faculté d’ethnologie, a été renversé par le véhicule du doyen John Blot, suite à un mouvement de protestations violentes de plusieurs étudiants, le lundi 12 juin 2017. Des professeurs ont été agressés et des véhicules se trouvant sur la cour de la faculté incendiés.
Le médecin, ancien leader étudiant, se demande qui se cache derrière ceux qui attisent cette crise, soulignant que la formation d’une cohorte d’étudiants haïtiens, durant 4 ans en République Dominicaine, rapporte à ce pays un montant estimé à 600 millions de dollars américains (Ndlr : US $ 1.00 = 65.00 gourdes ; 1 euro = 78.00 gourdes ; 1 peso dominicain = 1.60 gourde aujourd’hui).
Félix fustige le mépris, dont font preuve l’État et le secteur privé pour l’Université d’État, et appelle les protagonistes de la crise à se ressaisir face au « danger de la disparition » de cette université publique. [emb gp apr 30/06/2017 16 : 50]
TiChèzBa, édition du 24 juin 2017 - Invité, Jean Ronald Joseph, sociologue
Le sociologue Jean Ronald Joseph, également professeur à l’Université d’État d’Haïti (Ueh), préconise une médiation entre les protagonistes au sein de l’Ueh, en vue d’une sortie de crise.