P-au-P, 30 juin 2017 [AlterPresse] --- Le Réseau national de défense des droits humains (Rnddh) appelle le Conseil supérieur de la police nationale (Cspn) à intervenir efficacement pour éradiquer l’insécurité, qui règne en Haïti, dans un rapport en date du jeudi 29 juin 2017, dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
« Depuis quelques mois, le pays connaît une grande détérioration de la situation sécuritaire, caractérisée par des assassinats, des blessures par balles, des lynchages, des cambriolages et des courses-poursuites réalisées en plein jour », dénonce le Rnddh, qui se dit inquiet face à cette situation.
L’insécurité, qui bat son plein dans le pays, selon lui, puise sa source dans l’ « impunité institutionnelle ».
Elle serait également liée au fait que l’effectif des policiers est insuffisant pour protéger la population, tandis que les agents sont affectés à la protection exclusive des élus.
De janvier à mars 2017, au moins 94 cas de morts ont été enregistrés, soit une moyenne de 16 personnes par mois, indique le Rnddh.
Il signale que la zone métropolitaine de Port-au-Prince reste l’endroit le plus dangereux du pays, « où il ne passe pas un jour sans qu’au moins un cas d’assassinat ou d’agression physique ne soit enregistré ».
Le lundi 5 juin 2017, une jeune femme médecin, du nom de Frédérique Viau, a été assassinée à Delmas 83 par des individus montés à bord de motocyclette.
Samuel Alcide et Jordany Lazardi, deux agents de la Police nationale d’Haïti (Pnh), ont été assassinés, respectivement à Lalue (avenue John Brown), le mardi 18 avril 2017, et à Delmas 33, dans la nuit du samedi 3 au dimanche 4 juin 2017, de plusieurs projectiles.
Dans la nuit du lundi 6 au mardi 7 février 2017, trois personnes, dont deux femmes, ont été également tuées par balles, sur la place publique « La paix », à Delmas 2 (périphérie nord).
Par ailleurs, le Rnddh indique avoir enregistré plusieurs cas de « brutalités policières », notamment dans les manifestations des ouvrières et ouvriers, réclamant un ajustement salarial de 800.00 gourdes et des employés de l’Office d’assurance véhicules contre tiers (Oavct).
Des brutalités policières ont été aussi commises sur des partisans du sénateur élu de la Grande Anse (une partie du Sud-Ouest d’Haïti), Guy Philippe. Ils manifestaient contre son arrestation, le jeudi 5 janvier 2017, à Pétionville, pour trafic de drogue.
Philippe a été condamné à neuf ans d’emprisonnement, le mercredi 21 juin 2017, aux États-Unis d’Amérique, pour trafic de cocaïne.
L’ancien officier de police est accusé d’avoir accepté des pots de vin, pour protéger des passeurs de cocaïne, qui ont utilisé l’île d’Haïti pour expédier de la drogue aux États-Unis d’Amérique.
Le journaliste de la station de radio privée Vision 2000, Yandy Frantz Fidèle, a été également brutalisé, le lundi 5 juin 2017, de même que des étudiants qui ont organisé plusieurs protestations ces dernières semaines.
Par ailleurs, le Rnddh dénonce le comportement des agents de la Pnh, suite à l’arrestation de Nickenson Remy alias Sonson et Wisky Emile alias Whiky, pour leur implication dans un viol collectif sur une mineure de 16 ans, en décembre 2016.
Une vidéo, circulant sur les réseaux sociaux, montre combien les deux présumés complices étaient la risée d’un groupe, qui leur lançait des propos grivois.
Ces deux présumés bandits ont été contraints de se frapper, s’embrasser sur la bouche et de se mordre l’un l’autre.
Les trois policiers nationaux ont été convoqués par la Direction générale de la Police nationale d’Haïti (DgPnh) pour abus de pouvoir sur les deux présumés auteurs du viol collectif.
Globalement, le Rnddh recommande au Cspn de prendre les sanctions, qui s’imposent, à l’encontre des agents de la Pnh, qui se sont rendus coupables de brutalités policières, et d’acheminer leurs dossiers aux autorités judiciaires.
« La Pnh n’a pas été instituée pour s’adonner à des actes de bastonnades et de brutalités policières. Elle est, par définition, une police civile, qui suppose un rapprochement de la population à desservir et la possibilité d’entreprendre des démarches, pour que les agents soient jugés par devant un tribunal commun, ce, comme tous citoyens, en dépit des règles de protection, dont jouissent les agents », déplore-t-il. [jd emb gp apr 30/06/2017 12:55]