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Haïti-Santé : La Banque mondiale plaide en faveur de plus d’investissements publics pour améliorer l’accès aux soins

P-au-P, 30 juin 2017 [AlterPresse] --- La Banque mondiale plaide en faveur de plus d’investissements publics et d’une meilleure allocation des dépenses pour améliorer l’accès aux soins de santé pour tous les Haïtiens.

C’est ce qui ressort de son nouveau rapport, intitulé « mieux dépenser pour mieux soigner : un regard sur le financement de la santé en Haïti », et transmis à l’agence en ligne AlterPresse.

L’organisation internationale appelle à augmenter le budget pour la santé et à mieux dépenser pour sauver des vies.

« Les dépenses publiques de santé par habitant n’atteignent que 13 dollars par an. Ce qui est inférieur à la moyenne de 15 dollars des pays à faible revenu, et bien en dessous de la moyenne des pays voisins, comme la République Dominicaine (180 dollars) ou Cuba (781 dollars) », indique le rapport.

En hausse après le terrible tremblement de terre du 12 janvier 2010, le financement des Organisations non gouvernementales (Ong) et de la communauté internationale diminue, à présent, de façon significative, mettant en question la durabilité des investissements dans le secteur, poursuit-il.

« Dans le contexte de succession de situations d’urgence, auquel fait face le pays, plus de la moitié des dépenses totales de santé correspondent à des soins curatifs plutôt que préventifs ».

Seulement 0.3 dispensaires sont disponibles pour 10,000 habitantes et habitants, un ratio bien inférieur à la norme établie par le Ministère de la santé publique et de la population (Mspp), rappelle-t-il.

Mary Barton-Dock, envoyée spéciale de la Banque mondiale en Haïti, déplore le fait que « les investissements n’ont pas été réalisés là où ils étaient les plus nécessaires ».

Elle encourage à passer à un mécanisme de financement, fondé sur les résultats, pour rendre le système de santé plus efficient et plus équitable, en ces temps de lourdes contraintes budgétaires, dit-elle.

De nombreux défis restent à relever en matière de santé en Haïti, comme la mortalité infantile et maternelle, qui demeure quatre à cinq fois plus élevée que pour l’ensemble de la région Amérique latine et Caraïbes, selon la Banque mondiale.

Seuls 68% des enfants de moins de 24 mois ont reçu les trois doses du vaccin contre la diphtérie, le tétanos et la coqueluche. Ce chiffre est de 80% dans les pays de niveau économique similaire, rappelle-t-elle.

Afin de « mieux dépenser pour mieux soigner » et offrir une meilleure couverture sanitaire pour les plus pauvres, le rapport recommande d’accroître les ressources publiques pour la santé en Haïti.

Il critique la diminution constante de la part du budget de l’État haïtien, alloué à la santé, au cours des 12 dernières années (2004 à 2016), malgré les besoins en matière de santé.

Ce budget de santé est passé de 16.6% du budget national en 2004 à 4.4% du budget national actuel (exercice fiscal en cours, du 1er octobre 2016 au 30 septembre 2017). Ce chiffre est supérieur à la moyenne de la région d’Amérique latine et Caraïbes.

Planifier d’urgence un relèvement du financement public pour la santé et une meilleure coordination de l’aide internationale, élaborer dex taxes spéciales pour la santé, telles qu’une taxe sur le tabac et l’alcool, pouvant permettre de mobiliser des fonds dans le secteur, figurent parmi les propositions du rapport.

La Banque mondiale exhorte à prioriser les soins de santé primaires et préventifs, en redirigeant une partie du financement vers les soins de santé primaires, privilégiant et chiffrant le plan directeur de santé actuel.

Elle suggère également d’accroître l’accès équitable à des soins de qualité, par la mise en œuvre d’une cartographie des institutions sanitaires, en les reclassifiant, afin d’améliorer leur capacité opérationnelle et de faciliter la mise en place d’un réseau de référence pratique. [emb gp apr 30/06/2017 11:00]