P-au-P, 26 juin 2017 [AlterPresse] --- Plusieurs personnalités de la société haïtienne notamment celles issues des milieux littéraires et universitaires saluent le départ du linguiste, poète et académicien, Claude Clément Pierre, décédé à l’âge de 76 ans, le samedi 24 juin 2017 à Ottawa, des suites d’une maladie.
Le départ de Claude Clément Pierre constitue une grande perte pour le pays notamment pour l’Académie du Créole haïtien dont il est le symbole, exprime le recteur de l’Université d’État d’Haïti (Ueh), Fritz Deshommes, joint au téléphone par l’agence en ligne AlterPresse.
Il a souligné le rôle important que le professeur et écrivain a joué dans la mise sur pied de l’Académie du créole haïtien, une institution pérenne et durable.
« Claude Clément Pierre disait toujours que la lutte pour le Créole n’est pas une lutte contre le français mais plutôt pour permettre à la langue nationale du pays de trouver sa place dans tous les domaines et cette lutte doit être participative ».
C’est un gros symbole de l’Académie qui est parti pour l’au-delà, regrette Deshommes, pour qui Pierre fut un pilier sur lequel tout le monde pouvait compter.
Le recteur annonce une soirée d’hommage au défunt, prévue la vieille de ses funérailles, dont la date n’est pas encore connue.
Au menu : des témoignages sur la vie de Claude Clément Pierre, notamment ses œuvres et son travail.
Critique littéraire et poète, Pierre était également professeur de sémiotique à la Faculté linguistique appliquée (Fla) et de sémiologie à la Faculté des sciences humaines.
C’est une grosse perte pour l’Université, il n’y a pas beaucoup de professeurs qui enseignent la sémiologie et la sémiotique en Haïti, souligne, pour sa part, le professeur Ary Régis, directeur de la Société d’animation et de communication sociale (Saks).
Régis estime que la société n’a pas su exploiter au maximum les capacités de Claude Pierre, un spécialiste rare dans les domaines assez importants que sont la sémiotique et la sémiologie.
La directrice de la Bibliothèque nationale d’Haïti (Bnh), Emmelie Prophète, se dit aussi attristée et affectée par la mort de Claude Clément Pierre, un militant qui a contribué, dit-elle, à formaliser la langue créole.
« Ce n’est pas seulement une perte pour le milieu littéraire et intellectuel, mais Haïti toute entière a perdu une personne, dont les réflexions étaient importantes pour la société », fait-elle valoir.
Claude Clément Pierre a « a produit de la pensée et des réflexions ayant permis d’avancer et d’aller plus loin dans nos désirs de partager notre culture, de faire avancer la langue créole et (…) de construire une citoyenneté unique pour tous ».
Le départ de Claude Clément Pierre constitue une perte énorme pour les écrivains et poètes haïtiens, pour la communauté culturelle en général et pour l’Université, affirme le Centre Culturel Anne Marie Morisset, dans un avis en date du 25 juin 2017, transmis à AlterPresse.
« Claude Clément Pierre était une voix importante de la poésie et de la littérature haïtienne. Il était toujours présent lorsque c’était nécessaire d’affirmer des positions justes et dans l’intérêt du collectif ».
Auteur d’une dizaine de recueils de poèmes, Claude Clément Pierre était aussi récipiendaire de plusieurs distinctions, dont le Prix de Poésie de l’Alliance Française, à Ottawa-Hull en 1987 pour « Le coup de l’étrier » et le Prix Joseph D. Charles de la bibliothèque Georges Castera, à Port-au-Prince en 2012, pour « Le voyage inventé » et pour son importante contribution à la promotion de la littérature haïtienne. [bd emb gp apr 26/06/2017 16 10]
Source photo : Ile en île