P-au-P, 20 juin 2017 [AlterPresse] --- Des organisations de droits humains appellent les autorités haitiano-dominicaines à engager un dialogue « ouvert et franc », en vue de définir de meilleures stratégies pour aborder la situation des ressortissantes et ressortissants haïtiens.
Les permis de 239 mille migrantes et migrants, majoritairement haïtiens, bénéficiaires du Plan national de régularisation des étrangers (Pnre), sont périmés, depuis le samedi 17 juin 2017, rappelle Manise Elie, coordonnatrice du Réseau frontalier Jeannot Succès (Rfjs), jointe au téléphone par l’agence en ligne AlterPresse.
« Les personnes bénéficiaires du Pnre vont subir le même sort, que celles qui n’étaient pas dans le Pnre », alerte-t-elle.
Plusieurs migrantes et migrants, bénéficiant du Pnre, sont victimes de rapatriements forcés par les autorités dominicaines, rapporte Elie, tout en critiquant le « silence de l’État haïtien » sur la question.
Pour sa part, la plateforme Groupe d’appui aux rapatriés et réfugiés (Garr) souligne un sentiment d’ « angoisse » chez les ressortissantes et ressortissants haïtiens, suite à l’expiration du Pnre, dans une note en date du samedi 17 juin 2017.
Ce sentiment d’ « angoisse » existe également chez les Dominicaines et Dominicains, d’ascendance haïtienne en République Dominicaine, qui vivent dans une « grande et effrayante » incertitude.
Les autorités dominicaines auraient séquestré systématiquement les documents originaux de toutes celles et de tous ceux, qui font une demande d’extraits.
« Un mois et demi après la fin (le 17 juin 2015) du Plan national de régularisation des étrangers (Pnre), la République Dominicaine avait intensifié les rapatriements des migrants et de leurs descendants, qui n’avaient pas pu intégrer ce plan », relève la plateforme Garr.
Entre les mois d’août 2015 et de juin 2017, plus de 199,638 personnes, dont 32.9% des femmes et 3,421 mineurs, ont été enregistrées aux niveaux des 50 des 141 points de passage au niveau de la ligne frontalière.
Il est nécessaire de travailler pour l’élimination de cette « discrimination structurelle », dont sont constamment victimes les migrantes et migrants haïtiens ainsi que leurs descendantes et descendants en territoire voisin d’Haïti, estime la plateforme Garr.
Adopté en mai 2014, suite au scandale provoqué par l’adoption (le 23 septembre 2013) de l’arrêt TC 168-13, le Pnre avait permis à environ 239 mille immigrantes et immigrants, majoritairement Haïtiens et en situation irrégulière, d’obtenir un permis de séjour temporaire.
Tout en appelant les autorités haïtiennes à tenir compte de tous les paramètres, qui peuvent faciliter la régularisation des migrantes et migrants haïtiens en République Dominicaine, la plateforme Garr invite le gouvernement à aborder, avec « célérité », la question de la documentation des ressortissantes et ressortissants haïtiens.
La plateforme Groupe d’appui aux rapatriés et réfugiés plaide en faveur de « mesures efficaces », pour que tous les nouveaux nés haïtiens, en Haïti ou à l’étranger, soient systématiquement et convenablement enregistrés, de manière à rompre avec le cycle de sans-papiers. [jd emb rc apr 20/06/2017 12:30]