P-au-P, 19 juin 2017 [AlterPresse] --- Les syndicats ouvriers de la branche textile menacent de reprendre la mobilisation dans les rues, en vue de continuer à réclamer, entres autres, un ajustement salarial à 800.00 gourdes, annonce Dominique St Eloi, coordonnateur général de la Coordination nationale des ouvriers haïtiens (Cnoha), joint au téléphone par l’agence en ligne AlterPresse.
« Les ouvrières et ouvriers doivent commencer à se tenir prêts, à lacer leurs bottes. Nous reprendrons la mobilisation [en restant] les bras croisés dans les usines, dans les jours qui viennent […] », prévient-il.
Ce lundi 19 juin 2017, le syndicaliste a effectué une tournée dans le Grand Nord, en compagnie du sénateur de l’Ouest, Antonio Chéramy, président de la commission des affaires sociales du sénat de la république.
Ce dernier voulait s’enquérir, personnellement, des conditions de travail des ouvrières et ouvriers de la branche textile à Caracol et Ouanaminthe (Nord-Est).
« A l’issue de cette tournée, la mobilisation (...) reprendra dans les usines à travers le pays. Car, les 800.00 gourdes de salaire minimum journalier, les accompagnements sociaux et d’autres avantages, réclamés par les ouvriers protestataires, sont non-négociables », déclare St Eloi.
Il dénonce la révocation de 42 représentants du Groupement syndical des travailleuses, travailleurs pour la réexportation assemblage/Confédération des travailleurs du secteur public (Gosttra/ctsp) à la société Interamerican Wovens S.A et 5 représentants du comité exécutif des syndicats Gosttra-Ctsp et ouvriers du secteur textile et habillement de Batay ouvriye (Sota-Bo).
Dans les usines textiles de Carrefour (sud de la capitale), 15 autres représentants de syndicats ont été mis à pied, poursuit le coordonnateur général de la Cnoha.
La société Interamerican Wovens S.A a, en effet, publié une note de presse, en date du 16 juin 2017, pour annoncer au public que la société a décidé de suspendre certains de ses contractuels (sans avoir indiqué le nombre exact), pour avoir, dit-elle, entamé une grève illégale et posé des actes répréhensibles.
Depuis le vendredi 19 mai 2017, plusieurs rassemblements, organisés par des syndicats d’ouvrières et d’ouvriers, en vue de réclamer un rehaussement à 800.00 gourdes du salaire minimum journalier (actuellement à 300.00 gourdes), ont été violemment dispersés, à plusieurs reprises, par la Police nationale d’Haïti (Pnh) .
Cette révision du salaire minimum devrait permettre aux ouvrières et ouvriers de faire face à l’inflation, à la flambée des prix des produits de première nécessité et à l’augmentation des prix du carburant, ayant une incidence sur les prix des transports publics, selon des ouvriers.
Du lundi 5 au lundi 12 juin 2017, les ouvrières et ouvriers ont observé une trêve de 7 jours en vue de faciliter les négociations entre les représentants des syndicats, ceux du secteur patronal, des parlementaires et les membres d’une commission présidentielle, chargée de trouver une issue à la crise.
Le président de la république, Jovenel Moïse, a mis en place un nouveau Conseil supérieur des salaires (Css), suite à un arrêté publié dans le journal officiel le moniteur le lundi 5 juin 2017.
Aussitôt nommés, certains membres du nouveau Css ont été ouvertement critiqués par les syndicalistes, qui rejettent ces nomminations pour cause d’ingérence grave de l’exécutif. [am emb gp apr 19/06/2017 13:02]