P-au-P, 16 juin 2017 [AlterPresse] --- La transition démocratique en Haïti constitue un échec, selon l’économiste et politologue Joseph Harold Pierre.
Le politologue était l’invité à l’émission TiChèzBa, prévue pour être diffusée les samedi 17 et dimanche 18 juin 2017, sur la station en ligne AlterRadio (samedi : 7:00 am, 3:00 pm ; dimanche : 7:00 am, 1:00 pm, 5:00 pm).
Au niveau de la politique, nous avons échoué dans la transition parce qu’il n’y a jamais eu l’émergence d’une élite politique comme cela s’est produit dans le reste de l’Amérique Latine, estime-t-il.
Pierre n’écarte pas pour autant que la situation puisse changer, car, selon lui, l’échec peut aussi être un moyen pour travailler afin de changer les conditions de vie de la population.
L’échec se situe non seulement au niveau politique, mais aussi économique et institutionnel, précise-t-il.
La transition est lente mais, il y a possibilité d’un revirement de la politique haïtienne de dégringolade, croit le politologue, soulignant une fougue de la jeunesse haïtienne qui veut, dit-il, assumer sa responsabilité sociale.
La jeunesse estudiantine a la responsabilité de travailler à l’établissement d’un nouvel ordre socio-économique haïtien, affirme-t-il, tout en reconnaissant que c’est un travail de titan, parce que la masse critique nécessaire est absente.
Les citoyens haïtiens attendent, à travers une transition démocratique, un développement économique en termes de réduction de la pauvreté, de l’inégalité sociale et une amélioration au niveau de l’éducation et de la santé, qui tardent à venir, avance-t-il.
« Une transition démocratique, ce n’est pas (uniquement) lorsqu’un gouvernement tombe, mais c’est quand il y a une élite politique qui choisit de prendre l’initiative de se mettre ensemble afin de transformer une réalité sur la base d’accords formels », explique-t-il.
Il faut non seulement un projet de société mais aussi un engagement à respecter le pacte consenti, poursuit-il.
Une élite politique doit avoir une compréhension de la réalité du pays et une conscience sociale pour pourvoir l’orienter, soutient l’économiste.
Par ailleurs, Pierre critique certaines initiatives isolées du gouvernement en place, qui ne sont pas basées sur un projet de société durable.
La mise en œuvre des projets actuels ne donnera aucun résultat parce qu’ils s’inscrivent dans le cadre d’une conjoncture mais non dans une structure de transformation sociale, prévient-il
Il appelle au développement d’une culture de respect des principes, des normes et de la constitution, dans la perspective de contribuer à une vraie transition démocratique en Haïti. [emb gp apr 16/06/2017 17 :00]
TiChèzBa, édition du 12 juin 2017 - Invité, Ilionor Louis, sociologue
Le sociologue Ilionor Louis, également professeur à l’Université d’État d’Haïti (Ueh), encourage la mise en place d’une politique de sécurité publique, indispensable pour faire face au climat d’insécurité structurelle et conjoncturelle, qui règne dans le pays. http://www.alterpresse.org/spip.php?article21722