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Haïti-Culture : L’esprit vif et l’élégance d’une centenaire

Par Alexandre Michel

P-au-P, 19 juin 2017 [AlterPresse] --- L’esprit vif et l’élégance de l’éducatrice et écrivaine centenaire, Odette Roy Fombrun (né le 13 juin 1917, à Port-au-Prince) ont capté l’attention du public, durant la 23e édition de la foire « Livres en folie », qui s’est tenu les jeudi 15 et vendredi 16 juin 2017, au Champ de mars, principale place publique de la capitale, a observé l’agence en ligne AlterPresse.

Il est environ 11:00 heures locales (15:00 gmt), le 15 juin 2017, la chaleur est intense. Un longue file d’attente part de l’entrée principale des jardins du Musée du panthéon national haïtien (Mupanah), sur le pan de la rue Magny, à hauteur du palais national, et bifurque sur la rue Oswald Durand.

Sous un soleil de plomb, un public mixte, de tout âge, quoiqu’impatient, attend, dans le calme et la sérénité, les vérifications d’usage, avant d’avoir accès à l’espace de la foire, lors de la première journée de la 23e édition de Livres en folie.

Un peu plus loin, une grande tente, installée à l’entrée, protège quelques participantes et participants, chanceux, des ardeurs du soleil. La circulation reste fluide, en dépit du grossissement de la foule.

Dans le périmètre extérieur, s’étale un imposant dispositif de sécurité.

Plusieurs unités de la Police nationale d’Haïti (Pnh), des agents de la sécurité publique, des scouts et des brigadiers de diverses églises chrétiennes sont présents.

Plusieurs files d’attente constituées ont permis de mieux effectuer les différents contrôles de sécurité.

Des tentes d’expositions de livres, des kiosques pour les rafraîchissements ainsi que d’autres, qui accueillent les écrivaines et écrivains en signature, sont érigés.

Des stands de médias sont aménagés pour recevoir des artistes, effectuer des interviews et retransmettre en direct.

La foule est joviale :de beaux visages, des sourires et des autoportraits (selfies), réalisés par des fans, avec notamment des personnalités du monde artistique, pleuvent.

Reconnaissance et admiration pour Odette Roy Fombrun

Sous une grande tente, abritant plusieurs petits kiosques d’auteures et d’auteurs en signature, on aperçoit, au fond, un curieux attroupement de participantes et participants, ainsi que de journalistes.

Des micros et lentilles sont pointés en direction de l’invitée d’honneur de cet événement culturel, Odette Roy Fombrun, assise près d’une table, garnie de livres scolaires, de poésies et d’histoire.

Avec une coiffure soignée, un maquillage léger, la centenaire est le centre d’attraction de la première journée de la 23e édition de Livres en folie.

Vêtue d’une robe crème, en tissus carabelat, elle porte des boucles d’oreilles, du rouge à lèvres et des vernis à ongles.

Une atmosphère de reconnaissance et d’admiration règne autour de Odette Roy Fombrun, qui a consacré sa vie à écrire sur l’histoire d’Haïti, l’instruction civique et la morale.

TToutes et tous la regardent tendrement. Les questions lui sont adressées, doucement, par ses interlocutrices et interlocuteurs, tombés en admiration.

Odette Roy Fombrun est cohérente, énergique, mais surtout abondante.

Elle parle de sa première fois à « Livres en folie » sous la pluie à Pétionville (à l’est de la capitale, Port-au-Prince), de ses écrits divers et variés, touchant, selon ses dires, presque tous les aspects de la vie nationale.

« Rien que dans Le Nouvelliste (journal), j’ai publié plus de cinq cents articles […] Parfois, quand je suis au courant d’une nouvelle publication, je vérifie, et il m’arrive souvent de me rendre compte qu’il s’agit d’un sujet, sur lequel j’ai déjà écrit »

La centenaire répond aux questions, qui lui sont posées, avec une fluidité déconcertante.

La toile de fond de son discours reste un appel aux politiques à se pencher sur le pays « en dehors » (l’arrière-pays, les provinces), afin de dynamiser la production et la création de richesses.

L’éducatrice, qui ne signe que deux ouvrages, pour la 23e édition de Livres en folie, estime qu’elle a encore beaucoup... à raconter.

« On ne construit pas un pays uniquement avec des blocs et des brique »

À droite de la table, où elle est assise, se trouve celle de Mackenzy Orcel, l’autre invité d’honneur de cette 23e édition de Livres en Folie. Il signe ses 12 œuvres, dont « La douleur de l’étreinte » et « Sans ailleurs ».

Avec ses dreadlocks, ses boucles d’oreilles et son collier de fabrication artisanale, Orcel assume son afro descendance.

Orcel, du haut de ses 33 ans (il est né le 18 septembre 1983, à Port-au-Prince), est le plus jeune écrivain invité d’honneur, depuis le lancement de Livres en Folie (une foire initiée, en 1994, par le quotidien « Le Nouvelliste » et ses partenaires), indique Frantz Duval, rédacteur en chef du quotidien « Le Nouvelliste » et un des principaux instigateurs de la foire du livre.

L’écrivain Orcel rappelle aux jeunes qu’on ne construit pas un pays uniquement avec des blocs et des briques, mais en construisant son esprit.

Orcel est l’écrivain haïtien le plus distingué de l’année 2016, avec, notamment, 4 distinctions : Prix littérature monde, Prix Louis Guilloux, Prix Ethiophile et Prix caraïbes, rappelle Duval.

La foire « Livres en folie », délogée pour la quatrième fois, parce que, selon Duval, elle draine trop de foule, est une franche réussite. [am emb apr 19/06/2017 11 : 55]