P-au-P., 1 févr. 05 [AlterPresse] --- Vient le temps de danser en Haiti. Malgé une atmosphère générale de crainte, à cause d’actes de violences sporadiques et imprévisibles (surtout à Port-au-Prince), les Haïtiens semblent manifester, cette année encore, de l’engouement pour cette fête populaire, « non négociable ».
Le carnaval, fixé cette année du 6 au 8 février, est une période de plaisir et d’expressions débridées. Les répétitions des quatre derniers dimanches l’on prouvé, avec une innovation, la tenue du carnaval de Pétion-Ville (périphérie Est de Port-au-Prince), parallèlement à celui de Jacmel (ville du Sud-est d’Haïti).
Jacmel, gardien de la tradition
Jacmel, réputé paisible et sympathique, conserve la tradition haïtienne et n’a encore
une fois pas démérité de sa réputation de leader du carnaval créatif. Le carnaval de Jacmel présentait en effet l’allure d’une grande foire où les masques divers dont les artisans du Sud-Est ont le secret rivalisaient de créativité. Certains masques exprimaient le diable connu sous le nom de « Zèl Mathurins », d’autres représentaient la flore, d’autres des animaux du pays, de l’Afrique ou tout carrément la faune sauvage ou des animaux en voie d’extinction ou déjà disparus de la planète.
Les festivités à Jacmel ont été également un immense succès en terme de participation populaire. Outre des jacméliens et des fêtards venus d’autres régions d’Haïti, on notait la présence de carnavaliers de diverses nationalités.
Ce qui a encore fait le cachet particulier du carnaval national de Jacmel, c’est le caractère bon enfant qui prévalait sur tout le parcours. Le défilé commençait devant l’immeuble de l’Alliance française, Avenue de la Liberté, pour s’achever au Bel-Air, en passant par l’Avenue Baranquilla, la rue Isaac Pardo et la rue Alcius Charmant. Cette dernière rue rappelle le nom d’un célèbre député de la métropole du Sud-Est dont les jacméliens vantent encore le souvenir.
« Jacmel, ce petit coin béni d’Haïti qui vous reçoit avec les bras ouverts et le sourire caractéristique du député Alcius Charmant, présente pendant la période du carnaval et depuis plus de trente ans, une explosion de masques traditionnellement faits de carton ou de papier durci avec de l’amidon modelé sur des formes de grillage », peut-on lire dans un dépliant de promotion réalisé par le Comité du carnaval de Jacmel. Alcius Charmand est celui-ci qui avait porté le gouvernement de Florvil Hypolite à electrifier Jacmel, l’une des toutes premières villes d’Haïti, sinon la première, à disposer d’une telle infrastructure au début du 19ème siècle.
Jusqu’au petit matin, jeunes et vieux se défoulaient donc à fond le 31 janvier à Jacmel sans le moindre souci en matière de sécurité. Il est vrai que le dispositif de sécurité mis en place à l’occasion par la Police haïtienne et les casques bleus des Nations Unies a contribué à rassurer les nombreux carnavaliers. On n’a déploré que quelques blessés légers.
Plusieurs personnalités haïtiennes et étrangères ayant eu à faire le déplacement à Jacmel se sont dits agréablement impressionnés par la richesse des déguisement et variété des couleurs.
Pétion-Ville emboîte le pas
Jacmel est-il sur le point de faire école ? On serait tenté de le dire après le succès du carnaval de Pétion-Ville (banlieue est de la capitale). Un succès tant en terme de participation qu’en terme d’atmosphère de détente et de convivialité.
Sur le plan des couleurs, le tableau est cependant aux antipodes de la féerie de Jacmel. Mais l’effort est à signaler d’autant que la Mairie de Pétion-Ville n’a pas eu à recevoir d’appui financier de la part du secteur des affaires.
Panique au Champ de Mars, maisÂ… pas grave
L’ambiance battait également son plein au Champ de Mars, dans l’aire du palais présidentiel, où divers groupes à pied ont attiré la grande foule. Mais un mouvement de panique y allait être observé aux alentours de 19 :00 (heure locale).
Cette tension a été provoquée par des tirs qui provenaient de certains quartiers de la capitale haïtienne réputés chauds comme Poste Marchand et Belair. En réaction les troupes des Nations Unies ont patrouillé les secteurs concernés sans toutefois parvenir à repérer les tireurs embusqués.
La panique a duré une dizaine de minutes, avant que les carnavaliers se soient ensuite regroupés pour poursuivre l’ambiance.
Le carnaval 2005 est placé sous le thème « Mon passé m’appartient » et doit coûter 70 millions de gourdes (2 millions de dollars US) à l’Etat haitien. [vs gp apr 1/02/2005 10:30]