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Haïti-Ueh : Fermeture provisoire de la Faculté d’ethnologie, après de vives tensions provoquées par des étudiants

P-au-P, 14 juin 2017 [AlterPresse] --- Le Conseil de la Faculté de l’ethnologie (Fe) de l’Université d’État d’Haïti (Ueh) a annoncé la fermeture provisoire de cette entité, après de vives tensions, enregistrées lors d’un mouvement de protestations d’étudiants.

Ces incidents sont survenus dans l’enceinte de la Fe, suite à une tentative de séquestration, perpétrée par certains anciens étudiants, expulsés de l’Ueh, contre les membres de décanat et certains professeurs, selon la version du Rectorat de l’Ueh.

Le Rectorat de l’Université d’Etat d’Haïti lance un appel au calme, afin de trouver, dit-il, une atmosphère propice au fonctionnement régulier de l’institution, dans une note transmise à AlterPresse en date du mardi 13 juin 2017.

Au cours de ce violent mouvement de protestations, un jeune étudiant en anthropo-sociologie, Jean John Rock Gourgueder, expulsé de la faculté, aurait été renversé par la voiture du doyen de la Fe, Jean Yves Blot.

Par la suite, quatre véhicules ont été incendiés.

Selon la version recueillie par AlterPresse auprès du doyen de la Fe, le professeur Jean Yves Blot, le mouvement de protestation du lundi 12 juin 2017 est survenu, au moment de l’immatriculation des étudiants réguliers de la Fe.

Quatre étudiants, parmi ceux expulsés par le haut conseil de l’Ueh, dont Gourgueder, seraient intervenus pour se faire immatriculer et, ainsi, obtenir leur réintégration.

Blot serait intervenu pour leur rappeler que c’est le Conseil de l’Ueh qui a décidé de les expulser et que c’est au conseil qu’il revient de décider de leur réintégration.

Il s’en est suivi, selon les dires du doyen, une tentative de séquestration de sa personne et de celles d’autres professeurs et responsables de la Faculté d’ethnologie.

Les étudiants auraient mis de la colle forte (crazy glue) sur les cadenas du portail de la faculté, rapporte-t-il

Blot affirme que lui et d’autres professeurs présents se seraient sentis en danger, car les étudiants menaçaient d’incendier les voitures ainsi que leurs occupants.

Le professeur Jean Yves Blot indique qu’il aurait, alors, fait appel à un technicien pour scier les cadenas du portail et ouvrir la barrière pour dégager la voie. Et, au moment où il sortait du lieu au volant d’un véhicule, il aurait entendu, dit-il, un bruit sous la voiture, mais il ne s’est pas arrêté.

Le doyen Jean Yves Blot, qui a tenu à préciser que la victime ainsi que les trois autres protestataires n’étaient plus des étudiants de l’Ueh, soutient qu’il n’a pas vu d’étudiants couchés sur la chaussée.

Cette version a été démentie par une étudiante témoin, qui requiert l’anonymat.

Le doyen, selon elle, aurait délibérément « écrasé » l’étudiant.

« Gourgueder et trois autres étudiants faisaient la relève à côté du portail. C’est une forme de protestation, très prisée par les étudiants. Dès qu’il n’ont pas obtenu satisfaction au cours d’une négociation, ils font une chaîne humaine, devant le portail, pour empêcher les responsables de partir », explique-t-elle.

Toujours selon l’étudiante, après avoir ouvert le portail, le doyen aurait foncé vers la sortie à toute vitesse, « écrasant » ainsi le jeune Gourgueder, resté assis devant le portail.

La victime, qui est présentement en soins intensifs, dans un hôpital de la capitale, a eu des fractures au crâne, aux bras et aux jambes, ainsi que plusieurs contusions au corps.

Un processus judiciaire est actuellement en cours, informe Blot. [am emb rc apr 14/06/2017 10:40]