P-au-P, 12 juin 2017 [AlterPresse] --- Des organisations de droits humains lancent un cri d’alarme à propos de la situation des enfants en Haïti, à l’occasion de la journée mondiale contre le travail des enfants, ce lundi 12 juin 2017.
Le Collectif des organisations pour la défense des droits des migrants et rapatriés (Coddemir) se dit indigné par les conditions de travail des enfants, ce qui constitue une entrave aux droits des enfants et un obstacle à leur développement.
« En entrant dans le marché du travail prématurément, ces enfants sont privés d’éducation et de formation décisive, pouvant les aider à sortir de la pauvreté, et en étant soumis aux pires formes de travail, leur bien-être moral, mental ou physique sont mis en péril », condamne-t-il.
La déclaration est contenue dans une note en date du samedi 10 juin 2017, transmise à l’agence en ligne AlterPresse.
Le dimanche 10 juin 2017 était consacré à une autre Journée nationale de l’enfant.
Selon l’Organisation internationale du travail (Oit), sur 215 millions d’enfants travaillant dans le monde, plus de 29% sont en Haïti, « un phénomène illégal au regard des conventions internationales en vigueur relatives au travail, à la traite et aux droits des enfants ».
Le Coddemir appelle toutes les couches de la société à déployer des efforts, en vue de l’élimination du travail des enfants démunis en Haïti, en luttant d’abord contre la pauvreté, le chômage, l’absence de couverture sociale et la discrimination.
« Dans ces contextes, les enfants sont particulièrement vulnérables et se retrouvent contraints de travailler pour survivre. L’Etat a un rôle important à jouer dans la lutte pour l’élimination du travail des enfants ».
Le Codemir exhorte également l’État à prendre des mesures efficaces « pour assurer l’interdiction des travaux, qui, par leur nature ou les conditions dans lesquelles ils s’exercent, sont susceptibles de nuire à la santé, à la sécurité ou à la moralité de l’enfant ».
Il faut, selon lui, permettre aux familles les plus pauvres d’avoir accès au crédit pour subvenir aux besoins de leurs enfants. Ce qui empêcherait ces derniers d’aller travailler avant l’âge minimum d’admission à l’emploi.
Pour sa part, le Réseau frontalier Jeannot Succès (Rfjs) déplore les activités de traite et de trafic d’enfants, qui se poursuivent dans les zones frontalières.
« Malgré la création, en novembre 2002, de la Brigade de protection des mineurs (Bpm) et l’intégration des modules de protection de l’enfance dans le curriculum de formation des agents de la Police nationale d’Haiti (Pnh) et dans celui de l’Ecole nationale de la magistrature, il reste cependant beaucoup à faire, en vue d’arriver à l’application effective des principes relatifs aux droits et à la protection de l’enfant », signale le Rfjs.
Il critique le silence des autorités haïtiennes sur le sort, qui sera réservé aux enfants haïtiens et à leurs parents inscrits au Plan national de régularisation des étrangers(Pnre), après la date du jeudi 15 juin 2017, qui verra l’expiration de la carte de résidence de ces compatriotes.
Le Rfjs recommande aux autorités haïtiennes de vulgariser et de faire respecter les différents instruments légaux nationaux et internationaux, ratifiés par Haïti.
Ces autorités sont invitées à faire plus d’efforts, en vue de garantir de meilleures conditions de vie aux familles vulnérables, afin qu’elles puissent garder leurs enfants, au lieu de les donner en domesticité, de les confier à des trafiquants ou encore de les impliquer dans la migration irrégulière.
Le Réseau frontalier Jeannot Succès encourage également le gouvernement haïtien à garantir, à chaque enfant, l’accès à un document d’identité à la naissance. Ce qui va ouvrir, dit-il, la voie au respect et à la jouissance de tous les autres droits. [bd emb gp apr 12/06/2017 16 :30]