P-au-P, 9 juin 2017 [AlterPresse] --- Le sociologue Ilionor Louis, également professeur à l’Université d’État d’Haïti (Ueh), encourage la mise en place d’une politique de sécurité publique, indispensable pour faire face au climat d’insécurité structurelle et conjoncturelle, qui règne dans le pays.
Louis est invité à l’émission TiChèzBa, prévue pour être diffusée les samedi 10 et dimanche 11 juin 2017, sur la station en ligne AlterRadio (samedi : 7:00 am, 3:00 pm ; dimanche : 7:00 am, 1:00 pm, 5:00 pm).
Il évoque une rareté de recherches visant à élaborer une politique de sécurité publique qui devrait, entre autres, tenir compte de l’aménagement du territoire.
Il affirme n’être au courant de l’existence d’aucun document concernant une politique de sécurité publique ainsi que de son éventuelle application à travers le pays, où la situation sécuritaire est critique à plusieurs points de vue.
Plusieurs cas d’assassinats ont été répertoriés ces derniers jours, dont celui de Frédérique Viau, une jeune femme-médecin, âgée de 32 ans, abattue à bord de son véhicule, dans la matinée du lundi 5 juin 2017, à Delmas 83 (périphérie nord-est), par des bandits armés circulant à motocyclette.
Une marchande de légumes a trouvé la mort, au marché télélé, à Pétionville (périphérie est), suite à une intervention des agents de la Police nationale d’Haïti (Pnh), le dimanche 4 juin 2017, tandis qu’un policier a été tué à Port-au-Prince, dans la matinée du 9 juin.
Il y a des périodes de remontée de l’insécurité, notamment à Port-au-Prince, constate le sociologue, se référant surtout au mois de décembre, qui coïncide avec les fêtes de fin d’année.
Dans les périodes d’effervescence politique, l’insécurité est également utilisée comme armes pour discréditer un régime au pouvoir, fait-il remarquer.
En plus de l’émoi que provoque l’insécurité, il y a une acceptation de celle-ci par la population, fustige le sociologue, tout en condamnant l’attitude passive des citoyens.
De plus, les policiers ne sont pas toujours présents dans les endroits où il y a le plus de gens comme à Carrefour-feuilles (périphérie sud-est) et Canaan (nord), indique-t-il.
Tenant compte des problèmes logistiques, il y a beaucoup à faire pour que la Pnh devienne une force de protection standard, reconnait-il, tout en dénonçant les mauvaises conditions de travail des policiers.
Par ailleurs, la sécurité publique ne concerne pas seulement la circulation d’armes à feu et les bandits, mais elle touche aussi les modes de construction et les manières de vivre dans les quartiers, entre autres, soutient Louis.
La configuration des quartiers participe aux formes d’insécurité structurelle existante, regrette-t-il, soulignant une absence presque totale de la Police nationale d’Haïti (Pnh) dans certaines zones urbaines et dans la paysannerie.
Les paysans sont exposés à des formes d’insécurité comme des vols de bétail, des viols sur de jeunes garçons et filles et des cas de justice populaire, rapporte-t-il.
Il n’y a pas vraiment de tribunaux réels dans les sections communales et quartiers pour auditionner les cas, signale le sociologue.
Les égouts à ciel ouvert, l’absence d’un système de transport adapté pour les personnes handicapées, l’installation anarchique de panneaux publicitaires et de pompes à essence dans n’importe quel endroit constituent des problèmes structurels touchant la sécurité.
« En termes de sécurité, ajoute-t-il, la présence de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah) constitue une malédiction pour le pays. Non seulement, elle n’aide pas à ce niveau mais elle créé plus d’insécurité ».
Il cite des assassinats, des viols sur de jeunes garçons et filles ainsi que l’apparition du choléra en octobre 2010 qui a déjà tué plus de 10 milles personnes.
A propos du regain d’insécurité observé ces derniers jours, le Réseau national de défense des droits humains (Rnddh) et la Commission épiscopale (catholique romaine) Justice et paix (Jilap) se disent préoccupés. [emb apr 09/06/2017 17 :10]
TiChèzBa, édition du 27 mai 2017 - Invité, Fignolé St-Cyr, syndicaliste
Le représentant du secteur syndical au sein du Conseil supérieur des salaires (Css), Fignolé St Cyr, également secrétaire général de la Centrale autonome des travailleurs haïtiens (Cath), réclame « un salaire minimum vital » pour les ouvrières et ouvriers, en vue d’une issue à la crise actuelle.