Par Websder Corneille
Soumis à AlterPresse le 1er juin 2017
L’année 2017 marque le centenaire de la révolution russe. La première grande révolution historique du 20e siècle. Pour actualiser cet événement, le « Parti RASIN kan pèp la » a organisé cette semaine un séminaire de deux journées, 1er et 2 juin, à l’auditorium IERAH/ISERSS entre 2h00 et 6h00 pm, autour de la thématique « Lénine et la révolution russe ».
La révolution russe, épinglée sans ambigüité de révolution socialiste, a déjà mobilisé tout un arsenal de réflexions autour de sa nature, ses fondements, son bien-fondé, voire ses contradictions internes. Toutefois, d’autant que la pensée n’arrête pas au stade du déjà-là, le « Parti RASIN kan pèp la » a choisi cette semaine de mobiliser chercheurs, professeurs et militants à sensibilité de gauche des deux cotés de l’Ile, afin de contribuer à la construction d’une pensée critique dans le milieu progressiste en Haïti, selon les organisateurs.
La première journée, celle du premier juin, porte l’empreinte de trois intervenants sur fond de thématiques différentes. En premier lieu, Pedro Arias, dirigeant du Parti Communiste du Travail en République Dominicaine, est intervenu sur le thème « Importance de la révolution russe pour l’humanité particulièrement pour Haïti aujourd’hui ». Il advienne, selon lui, que les étincelles de cette révolution continuent encore à éclairer le pas des luttes socialistes dans le monde, d’hier à aujourd’hui ; et qu’en Haïti les travailleurs-ouvriers doivent constituer un bloc antagonique pour s’accaparer du pouvoir afin d’ébranler la structure dominante. Si on souhaite réellement un changement de décor.
Pour sa part, le professeur Yves Dorestal, deuxième intervenant à ce panel, a jugé bon de faire un parallélisme entre la pensée de Jacques Roumain et le marxisme-léninisme à travers deux conceptualisations : « Hommage à Jacques Roumain notamment sur ses initiatives politiques à partir du marxisme », et « Le marxisme de Jacques Roumain ». Deux approches qui lui ont valu le temps significatif d’intervenir sur les œuvres de Roumain, en particulier sur sa conception marxisante de son époque.
Le professeur Dorestal soutient à l’encre forte que Roumain fut un marxiste total au même titre que Vladimir Illitch Oulianov dit Lénine. D’ailleurs, il décèle plusieurs similitudes entre eux. A son avis, chacun renforce à sa manière la réflexion marxiste dans les deux bouts du monde. De façon différente certes, mais ils ont su mobiliser une armature théorique (théorie, stratégie et tactique) et des outils organisationnels pour maintenir la véritable révolution envisagée.
Rappelons brièvement qu’en 2015, aux éd. C3, le professeur Yves Dorestal a publié un livre non moins brillant intitulé : « Jacques Roumain (1907-1944) : un communiste haïtien », avec le sous-titre « le marxisme de Roumain ou le commencement du marxisme en Haïti ».
En troisième lieu, le professeur Charles Vorbe, dernier intervenant, théoricien marxiste reconnu dans les champs universitaires, a peaufiné sa réflexion de la manière suivante : « Les contributions de Lénine au développement du marxisme ». Sa présentation réunit quatre points importants : 1) bons usages et mésusages des commémorations ; 2) révolution bolchévique et la conspiration du silence ; 3) révolution russe en deux étapes assortie des schémas classiques de Marx et Engels ; enfin, 4) le léninisme au stade de développement du marxisme.
Egrenant ces quatre points, le professeur trouve que la révolution russe se revêt d’un caractère universel, et qu’Haïti doit se reconnaitre dans celle-là de par son statut de peuple révolutionnaire, habitué à chambarder le statu quo au profit d’une restructuration profonde et une transformation radicale des groupes historiques.
Cette première journée a aussi bénéficié de la présence du samba Clervaillant Louissaint et du musicien Alix Pierre-Louis, ancien participant du ballet folklorique d’Haïti « Tezen ».
L’économiste Camille Charlmers, porte-parole du Parti RASIN kan pèp la, a assuré entièrement la modération de la journée.
Dans la programmation de la journée du vendredi 2 juin 2017, nous retrouvons : Présentation du livre de Lénine « L’Impérialisme, stade suprême du capitalisme ». Intervenant : Angel Veras, contributeur du Parti Communiste du Travail en République Dominicaine ; « Les caractéristiques de la domination impérialiste aujourd’hui ». Intervenant : Camille Charlmers, à partir des travaux théoriques de Lénine.
Au moment d’écrire ces lignes, rien n’empêche de penser aux soubresauts que connait actuellement le socialisme dans le monde. Récemment à Café Philo Haïti, soit le 17 janvier dernier, François Houtart, chantre du socialisme, professeur émérite de sociologie à l’Université Catholique de Louvain, a posé urgemment cette question surprenante : « Le socialisme est-il encore possible ? » Nous en sommes sortis bredouille.
Contact : websdercorneille@gmail.com
Source photo : www.socialisme.be/