P-au-P., 31 mai 2017 [AlterPresse] --- Des secteurs syndicaux dénoncent par avance la mise en place, annoncée par le gouvernement, d’un nouveau Conseil supérieur des salaires (Css), au moment où les ouvriers réclament une augmentation du salaire minimum journalier de 300.00 à 800.00 gourdes.
Des responsables syndicaux, joints par AlterPresse, rejettent toute formation d’un nouveau Css, alors que les syndicats n’auraient pas soumis de nouveaux noms de leurs représentants dans cette instance tripartite.
Fignolé St-Cyr, secrétaire général de la Centrale autonome des travailleurs haïtiens (Cath) et membre du Css sortant, affirme que son nom figurerait, à son insu, dans la nouvelle composition.
« Je ne peux pas me payer le luxe d’entrer dans un Css par la petite porte », a-t-il dit au téléphone à un journaliste d’AlterPresse.
« Mon nom a été utilisé sans mon consentement », ajoute-t-il, martelant qu’il ne peut pas obéir « à la puissance des hommes d’affaires ».
Insistant sur son « combat en faveur d’un meilleur salaire et la protection sociale » pour les ouvriers, le syndicaliste pense qu’il reviendrait, dans les circonstances actuelles, au Css sortant de fixer le nouveau salaire minimum, d’autant qu’un rapport a déjà été préparé, depuis plusieurs semaines, à cet effet.
Il exige que le Css soit mis en place en respectant « les normes » démocratiques.
C’est la même position, affichée par l’organisation Batay Ouvriye (Lutte Ouvrière), dont la porte-parole, Yanick Étienne, fait également partie du Css sortant, en tant qu’autre représentante des syndicats.
En conversation téléphonique avec un journaliste d’AlterPresse, Étienne dénonce des « pratiques d’ingérence » du gouvernement dans les affaires syndicales.
Elle ne comprend pas comment l’administration en place puisse demander, par lettre aux secteurs syndicaux, de déléguer des représentants, parmi lesquels le chef de l’État aura à choisir.
« C’est aux syndicats de choisir leurs représentants au Css et pas au président », s’insurge-t-elle, anticipant sur les manœuvres de cooptation, qui risquent d’affecter le processus en cours et de torpiller la représentation syndicale.
En outre, tenant compte de l’expérience passée, elle déclare que les délégués des syndicats au Css doivent avoir une « feuille de route », définie d’un commun accord avec les organisations syndicales, et doivent pouvoir rendre compte à leurs secteurs. Conditions qui ne sont pas prises en compte dans les démarches en cours.
Les négociations pour une sortie de crise entre les patrons et les syndicats en lutte pour l’augmentation du salaire minimum journalier sont au « point mort, alors que des mouvements de grève et de manifestations ouvrières durent depuis plus de 3 semaines. [apr 31/05/2017 18:00]