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FSM 2005 : Lobbyistes d’Aristide confrontés à la délégation haitienne

Collaboration de Colette Lespinasse

Porto Alegre, 31 janv. 05 [AlterPresse] --- Des lobbyistes de l’ancien Président Jean Bertrand Aristide et des membres de la délégation haïtienne au cinquième Forum Social Mondial (Porto Alegre, Brésil), se sont confrontés ce 30 janvier lors d’un atelier organisé sur la situation haitienne.

Devant une assistance de plus de deux cent personnes, Brian Concanon du cabinet d’avocats responsables des activités de lobbying pour le compte le l’ancien Président ainsi que des membres du parti Fanmi Lavalas ont profité de l’espace du FSM pour présenter leur point de vue sur ce qui se passe en Haiti et demander la mobilisation en faveur du retour d’Aristide en Haiti.

De leur coté, Elifaite St. Pierre de la Plateforme des Organismes Haitiens de Défense des Droits Humains (POHDH), l’ancien Ministre de l’Agriculture lavalas, Gérald Mathurin, ainsi que d’autres membres de la délégation haïtienne, ont condamné les pratiques du Président déchu, rendu responsable de la situation actuelle.

Les proches d’Aristide ont cité de nombreux cas de « violations des droits humains » dont leurs partisans dans les quartiers populaires seraient victimes, en particulier, « des exécutions sommaires, des arrestations arbitraires, des détentions illégales, des restrictions à la libre circulation de l’information et des personnes ».

Se présentant comme un « chimère », Lovinsky Pierre Antoine de la Fondation 30 septembre, a déclaré que « depuis le 29 février, plus de 10,000 personnes ont été assassinées en Haïti par les troupes d’occupation, la Police Nationale et les anciens militaires ». Selon lui, « la presse internationale cache cette information ».

Lovinsky Pierre Antoine a appelé a « la solidarité du peuple brésilien et du mouvement populaire mondial pour faire pression sur (le Président brésilien) Lula (Da Silva) afin de retirer ses troupes d’Haïti ». Le responsable de la Fondation 30 septembre a comparé les chimères aux « va-nu-pieds qui ont fait la guerre de l’indépendance » et a assimilé tous les habitants des quartiers populaires de Port-au-Prince à des « chimères ».

Pierre Antoine a dénoncé les ONG travaillant dans le pays ainsi que la délégation haïtienne présente à Porto Alegre comme « des membres de l’opposition et ou des personnes manipulées par les grosses ONG internationales, qui ne font rien pour aider les partisans d’Aristide aujourd’hui en difficulté ».

Tandis que les partisans d’Aristide faisaient leur exposé, des membres de la délégation haïtienne ont présenté des preuves photographiques démentant des informations fournies a l’assemblée et indiquant que ce qui se passe en Haïti aujourd’hui est le prolongement de ce que Aristide avait initié.

« Nous sommes contre l’occupation de notre pays, comme nous étions contre le débarquement de 20,000 marines en Haïti pour ramener Aristide au pouvoir », a lancé Elifaite St. Pierre de la Plateforme des Organismes Haïtiens de Défense des Droits Humains (POHDH). « Nous tenons à souligner à l’assistance que l’actuelle occupation que nous vivons a été demandée par Aristide lui-même qui voulait que les troupes débarquent pour sauver son gouvernement en péril », a expliqué Elifaite St. Pierre.

De son cote, l’ex-Ministre de l’Agriculture Lavalas, Gerald Mathurin, qui se trouvait également dans la salle a expliqué combien il était « triste » de rencontrer des « camarades de combat et de travail » à Porto-Alegre en train de « défendre Aristide, qui a tout fait pour détruire le mouvement populaire, les institutions et le tissu social haitien ».

« Nous avons combattu lourdement, rudement aux cotés de ces gens ici présents et nous avions payé de notre chair et de notre sang pour construire une autre Haïti », a dit Gérald Mathurin. « Et nous avions confié à un moment donné le leadership de ce mouvement à Jean Bertrand Aristide. Pourquoi le revirement d’Aristide », s’est-il interrogé.

« Cet homme a qui on avait confié la conduite de l’Etat a monopolisé le pouvoir et en a fait une affaire personnelle, menaçant de faire disparaître le tissu social haïtien, martyrisant les leaders des organisations (Â…), et nous a conduit vers une nouvelle occupation », a précisé Gérald Mathurin.

Les représentants du mouvement Lavalas qui ont tenté avec tact d’utiliser le discours anti-impérialiste des alter-mondialistes ont essayé de démontrer la similitude entre la situation du Président Hugo Chavez au Venezuela, de Fidel Castro à Cuba et du Président haïtien déchu.

« Aucun argument ne peut justifier le retrait d’un Président démocratiquement élu », a dit en substance Maryse Narcisse, ex-membre du cabinet particulier d’Aristide. « Nous demandons le respect du vote des gens, de leur lutte pacifique », a-t-elle poursuivi. « Nous sommes d’accord avec le dialogue entre gens qui croient en la démocratie et non sous l’occupation », a-t-elle ajouté.

« Nous avions combattu Aristide qui voulait nous détruire et nous sommes en train de dénoncer les actes du gouvernement de (Gérard) Latortue, qui ne fait que prolonger la corruption et autres formes d’exactions », a rétorqué le syndicaliste Josué Mérilien. « Nous combattons pour une nouvelle société en Haiti, a retorque le syndicaliste Josue Merilien, qui participait également à cet atelier très animé sur Haiti, qui a duré plus de trois heures.

L’assistance en est sortie un peu confuse, mais plusieurs participants ont manifesté l’intérêt de voir les Haïtiens dépasser certaines querelles pour discuter de l’avenir de leur pays et de la résolution de problèmes concrets qui affectent la majorité de la population. [cl gp apr 31/01/2005 09:45]