Español English French Kwéyol

Un « salaire minimum vital » pour les ouvriers est possible en Haïti, selon le syndicaliste Fignolé St-Cyr

P-au-P, 26 mai 2017 [AlterPresse] --- Le représentant du secteur syndical au sein du Conseil supérieur des salaires (Css), Fignolé St Cyr, également secrétaire général de la Centrale autonome des travailleurs haïtiens (Cath), réclame « un salaire minimum vital » pour les ouvrières et ouvriers, en vue d’une issue à la crise actuelle.

Les autorités haïtiennes doivent trouver un accord avec le secteur syndical, qui permettrait d’ajuster le salaire minimum à 400 gourdes au moins, avec l’octroi d’avantages sociaux pour les ouvriers, demande St Cyr.

Ce dernier était invité à l’émission TiChèzBa, prévue pour être diffusée les samedi 27 et dimanche 28 mai 2017, sur la station en ligne AlterRadio (samedi : 7:00 am, 3:00 pm ; dimanche : 7:00 am, 1:00 pm, 5:00 pm).

La limite exigée par les ouvriers comme salaire minimum est de 800 gourdes au lieu des 300 gourdes actuelles (US $ 1.00 = 65.00 gourdes ; 1 euro = 78.00 gourdes ; 1 peso dominicain = 1.60 gourde aujourd’hui), rappelle-t-il.

Depuis le vendredi 19 mai 2017, un arrêt de travail a été observé par les ouvriers de différentes usines à Port-au-Prince, Carrefour (périphérie sud) et d’autres régions, pour exiger le relèvement de leur salaire minimum journalier, qui est à 300.00 gourdes depuis plus d’un an.

Les syndicats ouvriers ont annoncé quatre nouvelles journées de manifestations, pour continuer de réclamer cet ajustement salarial.

L’augmentation du prix du pétrole sur le marché local, depuis le lundi 15 mai 2017, a contraint le secteur ouvrier à revendiquer ce niveau de salaire, explique le secrétaire général de la Cath.

Les fonds prélevés de l’augmentation du prix de l’essence serviraient à satisfaire les intérêts personnels des dirigeants et non les besoins de la population défavorisée, dénonce-t-il, tout en profitant pour critiquer le secteur privé des affaires et les représentants de l’État qui ne défendent pas le droit des travailleurs.

Il encourage les organisations notamment ouvrières à exercer un rôle de vigile dans la société notamment face à des mesures étatiques annoncées, qui ne sont, selon lui, que du saupoudrage et de l’hypocrisie.

Le président Jovenel Moise a promis la mise en œuvre d’un ensemble de dispositions sociales en termes d’accès à la santé au bénéfice des ouvriers.

Prédateur des droits des travailleurs, le pouvoir actuel est coriace, antidémocratique et rétrograde, fustige St Cyr.

Le gouvernement s’afficherait contre l’augmentation des salaires des ouvriers, alors qu’il devrait veiller à construire sa légitimité, condamne-t-il, soulignant combien la situation de tension actuelle risque d’engendrer un éclatement social dans le pays.

Il exhorte les protagonistes qui sont, selon lui, conscients de la détérioration de la situation actuelle, à trouver le juste milieu pour apporter une réponse au problème ouvrier.

Les entrepreneurs haïtiens sont beaucoup plus intransigeants dans leur position par rapport à ceux qui sont des étrangers et qui ont investi dans le même secteur, constate St Cyr. Il annonce que des démarches seraient en cours, pour une issue favorable à la situation de crise, dès la semaine prochaine.

D’autre part, il profite pour dénoncer le comportement répressif de la Police nationale d’Haïti, utilisée à des fins politiciennes pour maltraiter les ouvriers protestataires, lors des mobilisations.

La liberté syndicale du peuple haïtien est bafouée dans le secteur textile, en dépit des conventions existantes sur la question, déplore-t-il, appelant la population à se mobiliser pour changer la vie des travailleurs.

L’État haïtien ne protège pas la main d’œuvre, bien qu’elle soit à bon marché, alors que la question salariale demeure un problème « crucial et sociétal », soutient-il. [emb gp apr 26/05/2017 16 :40]


TiChèzBa, édition du 20 mai 2017 - Invité, Frédéric Gérald Chéry, économiste

Une gouvernance globale de l’économie est indispensable pour compenser l’augmentation du prix du pétrole sur le marché national, estime l’économiste Frédéric Gérald Chéry.