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Haïti fait face à un problème de gouvernance globale de l’économie, selon l’économiste Frédéric Gérald Chéry

P-au-P, 19 mai 2017 [AlterPresse] --- Une gouvernance globale de l’économie est indispensable pour compenser l’augmentation du prix du pétrole sur le marché national, estime l’économiste Frédéric Gérald Chéry.

L’absence d’une gouvernance globale de l’économie fait que cette hausse du prix du pétrole en Haïti engendre des retombées négatives, selon Chéry, invité à l’émission TiChèzBa, prévue pour être diffusée les samedi 20 et dimanche 21 mai 2017 sur la station en ligne AlterRadio (samedi : 7:00 am, 3:00 pm ; dimanche : 7:00 am, 1:00 pm, 5:00 pm).

C’est la manière dont l’économie haïtienne est organisée qui empêche de trouver des moyens pour compenser cette hausse, avance-t-il.

Cet ajustement entraîne des conséquences au niveau interne, comme l’augmentation du prix des transports, alors que le salaire des employés reste le même, souligne-t-il.

« On ne peut pas tirer avantage de la tendance à la baisse du prix du pétrole sur le marché international, parce que la gourde perd de sa valeur à cause des problèmes économiques. Il faut maintenant plus de gourdes pour acheter du carburant », déplore-t-il.

Il critique aussi la façon, dont le gouvernement s’en est pris, pour déterminer l’augmentation des prix des produits pétroliers, qui engendre, dit-il, un grand impact sur les revenus trop faibles de la population.

Dans d’autres pays, où les revenus sont relativement élevés, cette hausse n’entraîne pas de grandes conséquences. Par exemple, en République Dominicaine, l’économie peut absorber la hausse des prix, fait remarquer Chéry.

Depuis le lundi 15 mai 2017, le prix de la gazoline est fixé à 224.00 gourdes (auparavant 189.00 gourdes), celui du diesel à 179.00 gourdes (auparavant 149.00 gourdes) et celui du kérosène à 173.00 gourdes (auparavant 148.00 gourdes).

Des secteurs sociaux se sont élevés contre cette augmentation, considérée comme inopportune dans la conjoncture actuelle, où la gourde a perdu 60% de sa valeur.

Le ministre du commerce et de l’Industrie (Mci), Pierre Marie Du Mény a expliqué que cet ajustement permet de réduire le déficit lié à la « subvention » des produits pétroliers, qui impactent négativement l’économie nationale, lors d’une conférence de presse.

Si la production haïtienne avait augmenté, la hausse du prix du pétrole n’aurait pas eu d’incidences sur le pays, analyse Frédéric Gérald Chéry, qui a dèjà produit six ouvrages sur la problématique haïtienne, dont "La structuration de l’économie et la réforme de l’État en Haïti" (2012).

Il souligne un problème d’offre au niveau de la production locale et un manque de savoir-faire dans plusieurs domaines clés, liés notamment à l’agriculture.

L’économiste plaide en faveur d’une valorisation des potentialités économiques du pays, pour éviter ces situations, et soutient que la production de connaissances est importante pour contribuer à l’avancement de l’économie haïtienne.

La question de la hausse du salaire des ouvriers

Une hausse des salaires au niveau de la sous-traitance est presque difficile à effectuer, parce qu’il n’y a pas de conditions internes de productions pour le faire, regrette Chéry.

La réponse efficace à donner à l’augmentation du prix du pétrole se trouve au niveau de la production, estime-t-il.

Des milliers d’ouvrières et d’ouvriers de la Société nationale de parc industriel (Sonapi) ont manifesté, le vendredi 19 mai 2017, dans les rues de Port-au-Prince, pour réclamer un salaire minimum de 800.00 gourdes.

« Quand on développe une classe ouvrière, il faut s’assurer de produire pour l’ouvrier », alors que l’économie haïtienne, notamment la sous-traitance, ne produit pas pour cette catégorie, relève le professeur d’Université.

Il déplore le fait que la sous-traitance ne permet pas aux ouvriers d’accéder à une série de biens, comme la nourriture, les transports, les soins de santé, les logements et les loisirs.

« La sous-traitance ne crée pas de revenus dans l’économie. Nous faisons de la sous-traitance sans produire pour nous-mêmes. L’économie haïtienne doit augmenter ses capacités de production et développer ses autres secteurs ».

L’universitaire plaide en faveur d’un retour à l’’agriculture et d’une multiplication des savoir-faire, particulièrement dans les domaines de l’élevage du poisson, de l’irrigation, du tourisme, entre autres, en fonction des besoins du pays.

« La moitié des denrées pourrait être produite en Haïti s’il y avait des compétences. Haïti a beaucoup d’espaces économiques non développés comme les plaines. Il faut les développer. La relance économique est possible », croit Frédérick Gérald Chéry. [emb gp apr 19/05/2017 14:55]


TiChèzBa, édition du 13 mai 2017 - Invitée, Magalie Georges, secrétaire générale adjointe de la Cneh

La secrétaire générale adjointe de la Confédération nationale des éducatrices et éducateurs d’Haïti (Cneh), Magalie Georges, appelle à une meilleure coordination des actions des organisations syndicales, dans la lutte pour une éducation de qualité.