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Haïti-Rép. Dom. : Rapatriement de 236 ressortissants haïtiens à la frontière Elias Piña

Le Garr s’insurge contre les abus

Belladère (Haïti), 15 mai 2017 [AlterPresse] --- Les autorités dominicaines ont procédé, du 8 au 10 mai 2017, au rapatriement de 236 ressortissants haïtiens au point frontalier de Carisal/Comendador (Elias Piña / Belladère, Plateau central), rapporte la plateforme Groupe d’appui aux rapatries et réfugiés (Garr), dans une note transmise à l’agence en ligne AlterPresse.

Parmi ces 236 ressortissants haïtiens, figurent 218 hommes, 4 fillettes, 6 garçonnets et 8 femmes.

Plusieurs d’entre eux se sont plaints d’avoir été victimes de violations de droits humains, avant d’être reconduits en Haïti, selon des témoignages recueillis.

Ces migrantes et migrants affirment avoir été l’objet de divers cas d’abus, comme des agressions physiques, injures, confiscations d’argent et d’autres objets importants, entre autres.

Des gaz lacrymogènes ont même été lancés dans l’enceinte de leur centre de détention.

Des femmes allaitantes en compagnie de leurs bébés et des enfants en bas âge n’ont pas été épargnées par les autorités dominicaines, dénoncent les ressortissants qui ont été également appréhendés et incarcérés dans des conditions inhumaines avant d’être reconduits en Haïti.

Originaires du département du Nord, notamment de la commune de Plaisance, cinq migrantes haïtiennes, qui faisaient partie d’un groupe de 77 rapatriés, ont été accueillies, avec leurs enfants, au bureau du Garr de Belladère, le lundi 8 mai 2017.

L’une des migrantes rapatriée, Dédelène, ainsi connue, indique avoir été incarcérée, pendant deux nuits, avec son bébé de 6 mois, sans avoir accès à la nourriture et à l’eau. Elle dénonce le traitement inhumain, qui lui a été infligé par les militaires dominicains.

Rapatriée le mardi 9 mai 2017, Nathalie s’est aussi plainte d’avoir été victime d’abus de la part des militaires dominicains qui, selon elle, ont emporté son sac.

Celui-ci contiendrait des objets importants, dont des téléphones portables, des montres, des vêtements et une somme d’argent en dollars américains et en pesos dominicains.

Louisana a été rapatriée avec un enfant, laissant derrière elle deux autres enfants, âgés respectivement de 6 et 8 ans.

Elle en a profité pour exprimer ses inquiétudes face au devenir de ses enfants, laissés en territoire voisin.

Les ressortissants haïtiens pointent du doigt les mauvaises conditions de détention au centre carcéral de Haina, une ville de la province de San Cristobal, au Sud de la République voisine.

Wilner et Yvener, qui faisaient partie d’un groupe de 85 migrants haïtiens, rapatriés, le 9 mai 2017, à Carisal, disent avoir été contraints de dormir à même le sol, après avoir été battus avec une chaîne par un militaire dominicain.

Un soldat dominicain aurait jeté du gaz lacrymogène dans le centre, où se trouvaient des dizaines de migrants, ce qui a failli leur coûté la vie, condamnent-ils.

Le Garr exhorte les autorités haïtiennes à exiger de l’État dominicain le respect des droits des migrantes et migrants haïtiens.

Le gouvernement haïtien doit poursuivre les pourparlers, déjà entrepris par la Commission mixte bilatérale, tout en accordant la priorité à la situation des migrantes et migrants haïtiens, dont les droits sont violés au quotidien en République Dominicaine, exige-t-il.

Le Garr plaide en faveur du respect du protocole d’accord sur les mécanismes de
rapatriement, paraphé en 1999 par les deux États insulaires. [emb gp apr 15/05/2017 11:30]