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Haïti-Politique : Des secteurs voient d’un mauvais œil le remplacement de Sonel Jean-François à la tête de l’Ucref

P-au-P, 15 mai 2017 [AlterPresse] --- Plusieurs organisations de droits humains critiquent la décision du chef de l’État, Jovenel Moïse, de remplacer le directeur général de l’Unité centrale de renseignements financiers (Ucref), Me Sonel Jean-François.

Jean-François, qui a été à l’origine d’un rapport d’enquête mettant Moïse en cause dans une affaire de blanchiment d’argent, a été remplacé par l’ancien inspecteur général de la Police nationale d’Haïti (Pnh) et protecteur adjoint du citoyen, Fritz Jean.

« C’est une décision arbitraire, illégale et autoritaire. Ceci démontre clairement que le pays va vers une pensée unique », tempête Pierre Espérance, directeur exécutif du Réseau nationale de défense des droits humains (Rnddh).

L’Ucref est devenue un instrument entre les mains du pouvoir exécutif, critique-t-il, après la réforme, par le parlement, de la loi organique de l’Ucref.

Cette institution n’aura plus les prérogatives d’enquêter sur les personnalités de l’exécutif et de ses proches, impliqués dans les actes de corruption, déplore-t-il.

« La loi, votée par le parlement, a enlevé à cette institution toute son autonomie. Le parlement et l’exécutif ne font qu’institutionnaliser la corruption et l’impunité », met en garde Espérance.

Me Sonel Jean-François a été révoqué, parce qu’il est une personne de caractère et de personnalité, qui a toujours fait honneur à l’appareil justiciaire. Il a été révoqué pour son honnêteté, estime-t-il.

« Il est clair que le pouvoir en place essaie de détruire toutes les institutions du pays, afin d’avoir le champ libre. Il institutionnalise l’impunité et la corruption au sein du pays », dénonce-t-il.

Le président de la république, Jovenel Moïse, s’est basé sur la loi du 3 mai 2017, portant organisation et fonctionnement de l’Ucref, qui vient d’être votée au parlement, pour remplacer le directeur général de l’Ucref, fait remarquer Antonal Mortimé du collectif Défenseur Plus.

Une disposition transitoire indique que le directeur général ainsi que le directeur adjoint resteront en fonction, jusqu’à ce que le président de la république fasse une autre nomination.

Cette loi a rendu le directeur général de l’Ucref vulnérable, soutient Mortimé, qui considère le contexte inapproprié pour le remplacer.

L’exécutif exprime toujours sa volonté de contrôler une série d’institutions stratégiques, comme l’Ucref, dénonce Mortimé.

Avec un mandat de trois ans, Jean-François en poste depuis un peu moins d’un an, a été remplacé par Fritz Jean, dont l’installation prévue le jeudi 11 mai a été reportée « sine die » sans explication. [jep emb gp apr 15/05/2017 07:30]