P-au-P, 10 mai 2017 [AlterPresse] --- Divers secteurs de la vie nationale expriment leur scepticisme face à la gestion du pays par le président Jovenel Moïse, après 100 jours passés au pouvoir (7 février - 17 mai 2017), selon les témoignages recueillis par l’agence en ligne AlterPresse.
Le président a, certes, un gouvernement, mais dans les faits, il n’a encore donné aucun résultat, constate Rovelson Apollon de la Commission épiscopale (catholique romaine) Justice et paix (Ce-Jilap), dans des déclarations à AlterPresse.
Jusqu’à date, il existe une instabilité au niveau monétaire, qui désarticule les activités économiques. Cela entraîne une situation désastreuse pour les citoyens haïtiens, déplore-t-il.
Le gouvernement n’arrive pas à initier des alternatives pour les jeunes en vue d’éviter qu’ils laissent le pays, poursuit-il.
Les dirigeants politiques n’ont fait preuve d’aucune volonté de prendre des dispositions allant dans le sens de créer une société où les citoyens peuvent vivre heureux dans un réel bien-être social, critique Apollon.
Au niveau de l’administration publique, il y a eu certaines nominations, qui ne répondent nullement aux attentes de la population en termes de compétences et de qualifications, souligne, pour sa part, Rony Desroches de l’Initiative de la société civile.
La présence de l’équipe « tèt kale » de l’ancien président Michel Martelly, du même parti Phtk que Moïse, s’est renforcée, avec plus d’une trentaine de nominations dans l’administration publique en Haïti.
Desroches estime qu’il faudra attendre au moins six mois pour porter un jugement valable sur la gestion de l’administration actuelle.
Antonal Mortimé, du Collectif Défenseur Plus, signale des approches de travail du gouvernement qui ne lui permettent pas d’adresser les problèmes sociaux comme l’éducation, le logement, la santé, la question de l’alimentation et l’assainissement.
Les grands défis liés notamment aux faiblesses des ressources de l’État restent encore pendants, analyse, pour sa part, l’économiste Etzer Émile.
« Le secteur agricole n’est pas rentable. C’est peut-être pourquoi le secteur bancaire ne veut pas prêter de l’argent aux entreprises agricoles », regrette l’économiste Eddy Labossière, encourageant la mise en place d’un plan global de développement.
La Banque de la République d’Haïti (Brh) a injecté 120 millions de dollars américains sur le marché des changes pour tenter de diminuer la dépréciation accélérée de la gourde.
Il faut maintenant 69.00 gourdes pour 1 dollar, 78.00 gourdes pour 1 euro et 1.60 gourde pour 1 peso dominicain.
La Direction générale des impôts (Dgi), et la douane n’ont perçu que 70 milliards de gourdes pendant les deux dernières années alors que ces fonds se révèlent être insuffisants pour contribuer au développement dans le pays, fait remarquer Labossière.
« Les choses sont compliquées, les grandes orientations politiques du gouvernement sont absentes, il n’y a pas encore un plan stratégique », souligne l’économiste. [jep emb apr 11/05/2017 10:20]