P-au-P, 03 mai 2017 [AlterPresse] --- Haïti conserve la 53e place, dans le dernier classement mondial de la liberté de la presse, publié ce mercredi 3 mai 2017 par l’organisation internationale Reporters sans frontières (Rsf), apprend l’agence en ligne AlterPresse.
Ce nouveau classement mondial, établi par Reporters sans frontières (Rsf), rend compte de la réalité de la liberté de la presse dans 180 pays, au regard, notamment, de leurs performances en matière de pluralisme, d’indépendance des médias, de respect de la sécurité et de la liberté des journalistes.
« Malgré la récente évolution des lois, relatives à la liberté de la presse, les journalistes haïtiens sont toujours victimes d’un cruel manque de ressources financières, de l’absence de soutien de la part des institutions et d’un accès difficile à l’information », rapporte Rsf.
L’organisation mondiale de défense de la liberté de presse signale également combien certains journalistes continuent de subir encore des intimidations et des agressions.
« Le pays a beaucoup souffert du séisme de 2010 et du cyclone Matthew en 2016, qui ont considérablement endommagé les infrastructures existantes sur l’île », lit-on sur le site de Rsf.
Les médias privés, très liés aux intérêts de leurs actionnaires, peinent à exprimer leurs points de vue sans autocensure.
En 2017, une proposition de loi controversée sur la diffamation, prévoyant de lourdes sanctions contre les journalistes, a été votée au sénat, sans consultation préalable avec les médias et journalistes.
Ces derniers soupçonnent une velléité de bâillonnement de la liberté de la presse, chez la deuxième version du régime tèt kale, qui ne voudrait pas rendre compte convenablement de leur gestion.
Des avancées, malgré tout, sur la liberté de la presse en Haiti ?
Le fait qu’il n’y a pas de pressions systématiques, exercées sur la presse en Haïti, notamment sur le travail des journalistes ainsi que des médias, est interprété, par l’Association des journalistes haïtiens (Ajh), comme une avancée, en ce qui concerne la liberté de la presse, par rapport aux années antérieures.
Mais, il reste encore beaucoup à accomplir, souligne Jacques Desosiers, secrétaire génaral de l’Ajh, interrogé par AlterPresse.
Pour permettre aux journalistes de mieux jouir de la liberté de presse, faut-il bien qu’il y ait la liberté à l’information aux niveaux législatif et structurel.
« Au niveau législatif, il faut qu’il y ait des textes de loi, qui garantissent la liberté à l’information aux journalistes, qui leur permettent de mieux accomplir leurs tâches. Il faut que chaque personne apprenne, culturellement, à comprendre le travail des journalistes pour être mieux informée », affirme Desrosiers.
« Si cette loi est votée telle quelle, ce serait un accroc à la liberté de la presse et à la liberté d’expression », avertit l’Ajh, à propos de la proposition de loi controversée sur la diffamation, votée au sénat de la république.
L’Association des journalistes haïtiens est en train de finaliser sa position, issue d’un atelier de travail déroulé en avril 2017 sur la question, afin de la transmettre à la chambre des députés.
L’Ajh dit relever deux manquements dans cette proposition de loi sur la diffamtaion : l’un au dans le préambule, l’autre dans le contenu.
Il y a des acquis qui ne sont pas négociables, déclare, pour sa part, à AlterPresse, le président de l’Association haïtienne des médias en ligne (Ahml), Stéphane Lacroix, tout en insistant sur la nécessité de « mettre de l’ordre », de réglementer le secteur des médias.
« Cette fameuse proposition de loi sur la diffamation comporte plusieurs failles », ajoute l’Ahml, mettant en garde contre les « excès », les velléités, chez le régime tèt kale, de restreindre la liberté de la presse, acquise au prix de tant d’efforts de journalistes, qui l’ont payée de leur vie.
Une proposition de loi sur la diffamation, faite, en janvier 2014, par le sénateur d’alors du Sud-Est, Edwin Daniel Zenny, a été votée, dans la nuit du mardi 14 au mercredi 15 mars 2017, par le sénat de la république, en dehors de consultations préalables avec les associations de presse et patrons de médias.
15 sénateurs sur 16 (dont le président qui ne vote pas) ont voté en faveur de cette proposition de loi sur la diffamation, qui viserait à « protéger l’intégrité et l’honneur de toute personne physique et morale, et doter, d’un cadre légal, la presse et tout autre moteur de propagande ». [jep rc apr 03/05/2017 13:10]