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Haïti-Économie : L’injection de millions de dollars sur le marché par la Brh, un gaspillage, selon l’économiste Eddy Labossière

P-au-P, 4 avril 2017 [AlterPresse] --- L’injection par la Banque de la République d’Haïti (Brh) de 120 millions de dollars américains sur le marché des changes pour tenter de diminuer la dépréciation accélérée de la gourde est perçue par l’économiste Eddy Labossière comme un gaspillage.

Cette politique monétaire serait « inopérante », prévient l’économiste, lors d’un entretien accordé à l’agence en ligne AlterPresse.

« Le secteur bancaire a mis systématiquement en échec la politique monétaire de la Banque centrale », indique-t-il.

Il suggère de préférence aux responsables de la Brh d’injecter l’argent dans des endroits où les gens vivent dans l’extrême pauvreté, avec moins d’un dollar américain par jour.

Il conseille au gouverneur de la Brh, Jean Baden Dubois, d’essayer, d’une autre façon, de pallier le problème de la dépréciation de la gourde.

Pendant les six dernières années, la Banque centrale a déjà injecté sur le marché près d’un milliard de dollars américains, rappelle l’économiste.

« Cette solution va durer seulement quelques jours, puisque les banques en Haïti ont un surplus de liquidité qui avoisine les 25 milliards de gourdes. Quelque soit la quantité de dollars mis sur le marché, elle sera absorbée par les agents économiques de la Banque dans moins de quelques jours », augure Labossière.

Il rappelle que pendant les 24 derniers mois, la gourde n’a jamais cessé de se déprécier, ce qui est dû à une demande constante et permanente du dollar sur le marché.

Il faut à présent 69.00 gourdes pour un dollar américain, 70.60 gourdes pour un euro.

« Il faut combattre le dollar avec le dollar en exportant des produits, ce que nous ne faisons pas », regrette Labossière, pointant du doigt les infrastructures de productions défaillantes dans le pays.

Il dit avoir constaté que chaque fois que le salaire minimum a été vu à la hausse, la gourde s’est dépréciée davantage.

Labossière estime que le chef de l’État doit relancer le pays sur la voie de la croissance, à travers la production agricole.

Stabiliser l’économie, stopper l’instabilité, mettre en place un fonds d’investissements pour financer des projets rentables, figurent parmi les mesures à prendre par le chef de l’État pour remédier à la situation, avance-t-il.

La Brh a pris la décision de mettre 120 millions de dollars américains sur le marché des changes pendant l’exercice fiscal 2016-2017, dans le but de contenir la décote de la monnaie locale.

Pendant la deuxième quinzaine du mois de mars, la Brh a annoncé l’injection de 20 millions de dollars américains sur le marché pour stabiliser le taux de change. [jep emb gp apr 04/04/2017 15 :45]