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Haïti-Politique : La Pohdh dénonce des décisions du parlement actuel, contraires à la constitution de 1987

P-au-P, 30 mars 2017 [AlterPresse] --- La Plateforme des organisations haïtiennes des droits humains (Pohdh) déplore certaines décisions prises par le parlement actuel, qui seraient en contradiction avec la constitution de 1987, dans un communiqué de presse transmis à l’agence en ligne AlterPresse.

Ces décisions concernent la loi sur la diffamation, votée à l’unanimité au sénat et qui pourrait servir, selon elle, pour persécuter des personnes et groupes jugés critiques par rapport aux pouvoirs exécutif et législatif.

Cette loi est susceptible de mettre également en danger la liberté d’expression, alerte la Pohdh, à l’occasion du 30e anniversaire de la constitution du 29 mars 1987.

Elle déplore le fait qu’aucune consultation n’a été faite auprès de la société par rapport à cette proposition de loi qui pourrait être considérée comme un retrait sur les acquis démocratiques.

Des articles de la constitution du 29 mars 1987 garantissent la jouissance de la liberté d’expression, rappelle-t-elle.

La Pohdh condamne la « volonté manifeste » des sénateurs et députés d’écarter de façon « systématique » les prescrits de la constitution du 29 mars 1987, comme l’un des acquis « émanant de nombreuses luttes démocratiques menées par le peuple haïtien au prix de leur vie ».

D’autre part, les parlementaires ont ratifié la politique générale du premier ministre Jack Guy Lafontant, sans avoir épuisé l’étape fondamentale consistant à déterminer l’« éligibilité » de ce dernier, fustige-t-elle.

« La commission bicamérale chargée d’étudier le dossier de Jack Guy Lafontant, premier ministre nommé, avait présenté un rapport assez accablant ». Plusieurs points dans son dossier laissent planer des doutes, notamment celui qui concerne le paiement des taxes, souligne-t-elle.

La Plate-forme se montre sceptique en ce qui concerne la volonté de cette 50e législature de jouer effectivement son rôle de contrôle dans l’intérêt du pays et de la démocratie.

Tout en exhortant les parlementaires à se ressaisir, elle appelle la population à la vigilance afin d’éviter un retour au temps des baïonnettes.

Dans une correspondance, en date du lundi 20 mars 2017, adressée au président de la chambre des députés, Cholzer Chancy, l’Association nationale des médias haïtiens (Anmh) a sollicité une rencontre en vue de discuter sur la proposition de loi sur la diffamation.

Par ailleurs, une commission spéciale de réflexion sur l’amendement de la constitution a été mise sur pied, le mercredi 29 mars 2017, avec pour mission de rencontrer les acteurs de la vie nationale, en vue de « convaincre certains et de recueillir les préoccupations des autres sur la question de l’amendement de la constitution ».

Des secteurs ont partagé leurs inquiétudes quant à un éventuel amendement de la Constitution haïtienne de 1987.

Les députés et sénateurs réunis en assemblée nationale avaient procédé à l’amendement de cette constitution, à l’issue d’une séance déroulée dans la nuit du 9 mai 2011.

À l’époque, cet amendement, entouré de controverses, était considéré comme une tentative visant à mettre en péril des acquis démocratiques obtenus au prix de nombreuses luttes. [jd emb gp apr 30/03/2017 11 :30]