P-au-P, 30 mars 2017 [AlterPresse] --- Plusieurs secteurs de la vie nationale ont appelé à une meilleure utilisation de la Constitution haïtienne, à l’occasion de son 30e anniversaire (29 mars 1987-2017), dans des interviews accordées à l’agence en ligne AlterPresse.
Amendée à la va-vite, en 2011, à la fin du mandat du président René Préval, affectée par un imbroglio au sujet de la version amendée puis promulguée irrégulièrement sous la présidence de Michel Joseph Martelly (2011-2016), cette Constitution est en passe de subir un nouvel amendement, en raison des divergences de toutes sortes.
De très larges consultations sur la loi mère sont amorcées auprès de divers secteurs, fait valoir le président de la Commission spéciale parlementaire de réforme de la Constitution, le député Jerry Tardieu.
« La Constitution votée par l’ensemble du peuple haïtien en 1987, dans l’émotion, génère, jusqu’à présent, beaucoup de problèmes. C’est une pierre d’achoppement pour notre pays », analyse Jean Robert Argand, coordonnateur du Collectif du 4 décembre, joint au téléphone par AlterPresse.
Il plaide en faveur de changements au niveau des articles de la Constitution, ce qui permettrait d’évoluer et d’envisager le développement intégral et intégré du peuple haïtien.
Il réclame la réalisation des états généraux de la Nation afin que tout le monde puisse s’exprimer sur la question.
Pour sa part, Pierre Espérance, directeur exécutif du Réseau national de défense des droits humains (Rnddh), critique un manque de volonté manifeste des autorités pour mettre en valeur la Constitution.
Malgré ses failles, certaines actions auraient pu être menées sans difficulté, notamment la mise sur pied d’une cour constitutionnelle.
Il critique la rapidité avec laquelle certains secteurs de la vie nationale projettent d’amender la constitution haïtienne.
Cette rapidité serait motivée par des intérêts « individuels cachés », pense-t-il, tout en mettant en garde contre toute nouvelle tentative d’exclusion de la population dans ce projet.
Nos dirigeants n’ont pas fait assez pour améliorer les conditions de vie de la population et combattre l’impunité, en vue de l’établissement d’un État de droit dans la société, fustige Espérance.
Parmi d’autres, la constitution de 1987 a répondu le plus à l’aspiration de la population, en termes d’accès à la justice, la participation citoyenne, estime Antonal Mortimé, le secrétaire général de la New england human rights organization (Nehro).
30 ans après, Mortimé souligne que ce texte n’est pas appliqué à 60% et qu’il a fallu attendre 28 ans pour la création de l’Académie du créole haïtien.
Rosny Desroches, de l’Initiative de la société civile, dresse un bilan positif de cette constitution, qui a permis, dit-il, de préserver le régime démocratique.
La loi mère a établi un ordre constitutionnel qui sert de repère et de référence pour la vie politique haïtienne, en dépit des dérives, soutient-il.
Cette Constitution a également permis de donner plus de poids au parlement, car dans le passé, tous les pouvoirs résidaient entre les mains du président de la République. [jep emb gp apr 30/03/2017 10 :20]