Par Danièle Magloire*
Soumis à AlterPresse le 14 mars 2017
Le Centre culturel PyePoudre, dirigé par la comédienne, metteure en scène et conteuse Paula Clermont-Péan, entend à travers le théâtre sensibiliser, les jeunes des deux sexes et le public en général, sur la condition féminine haïtienne. Une saison théâtrale, intitulée « Jeu et regard de femme. Elles ont dit Non », a été conçue dans cette perspective et traite de certaines caractéristiques de cette condition : dévalorisation, discrimination, violence, féminisation de la pauvreté.
La saison théâtrale proposée, du 8 mars au 22 avril 2017, se réalise avec le soutien de la Fondation connaissance et liberté (Fokal) et de la coopération Suisse. Elle est constituée de cinq spectacles :
Parfum de femme, conception et mise en scène Linda Isabelle François ;
Talon aiguille, talon d’Achille, texte et mise en scène Gaëlle Bien-Aimé ;
Kaselezo, texte de Frankétienne, mise en scène Paula Clermont-Péan ;
# Je suis Gaëlle, texte Gaëlle Bien-Aimé et Jean-Samuel André, mise en scène Gaëlle Bien-Aimé ;
Pour les filles noires qui ont pensé au suicide alors que l’arc-en-ciel suffit, texte Ntozake Shange, traduction Ketly Mars, mise en scène Michèle Lemoine.
La saison théâtrale a été lancée le 8 mars, Journée internationale de lutte pour les droits des femmes, lors d’une soirée inaugurale à la Fokal. Deux discours d’ouverture ont été prononcés.
Pascale Solages, Coordonnatrice générale de l’organisation féministe Nègès Mawon, fondée en 2015, s’est exprimée en ces termes :
« Aujourd’hui encore les femmes doivent se mettre debout pour le respect de leurs droits. […] En tant que féministe et en tant que femme, je tiens à saluer plus de 50 années de lutte féministe en Haïti, menée par des femmes et des hommes qui n’ont jamais flanché, qui n’ont jamais capitulé. Nous voulons hériter de vous votre indocilité, votre rejet du silence, votre amour de la liberté et votre rage de vous battre. Merci pour vos combats et pour ces droits dont nous, jeunes femmes, jouissons aujourd’hui. Vous avez payé de vous-mêmes, vous avez payé de vos vies. Nous sommes reconnaissantes. […] A un moment où en Haïti, certains tentent de réduire l’art et la culture à des décibels qui portent les voix qui dégradent et insultent les femmes, cette initiative du Centre culturel PyePoudre récupère ce medium puissant qu’est l’art pour créer le croisement entre les revendications des femmes et la créativité de nos artistes. […] « Jeu et regard de femme » pour utiliser l’expression artistique comme outil de référence, pour de nouveaux horizons et de nouvelles dynamiques de militantisme et de protestation féministe en Haïti. L’art pour porter la cause des femmes et des filles. »
Dans son discours, l’ambassadeur de Suisse en Haïti, Jean-Luc Virchaux, s’est attaché à mettre en exergue les luttes des femmes, à travers le monde, pour le respect effectif de leurs droits et l’importance de ces combats pour le développement humain et la démocratie dans les sociétés.
La soirée a débuté avec la danseuse Ericka Julie, qui a interprété « Confiante », une chorégraphie de Jean-René Delsoin sur une musique de Lokua Kanza. A ensuite suivi une lecture scénique d’extraits de Kaselezo de Frankétienne et de « Dépose ton fardeau » de MarieJosé Aliea, réalisée par cinq interprètes : Ketsia Vainadine Alphone, Gaëlle Bien-Aimé, Jenny Cadet, Jehyna Sahyier Célestin et Paula Clermont-Péan.
La chanson était également au programme. « Fanm » de B.I.C. a été interprétée par Jehyna Sahyier Célestin et a été suivi d’une performance de la chorale de Fokal, puis de celle de la chanteuse Emeline Michel.
Dans le public les présences suivantes étaient notamment remarquées : le ministre de la Culture du gouvernement sortant, Marc-Aurèle Garcia, des représentant.e.s d’organisations citoyennes, d’organisations féministes, d’associations culturelles, de groupes de jeunes et de différents artistes.
La soirée a été clôturée avec un cocktail dans les jardins de la Fokal.
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* Sociologue, féministe
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