Collaboration de Colette Lespinasse
Porto Alegre, 26 janv. 05 [AlterPresse] --- L’organisation internationale de lutte contre la dette des pays pauvres, Jubilée Sud, a sévèrement critiqué ce 26 janvier la Banque Mondiale pour avoir récemment contraint Haïti à verser plus de 52 millions de dollars d’arriérés de paiement et de service de la dette.
Lors d’une conférence de presse donnée quelques heures avant le lancement officiel du 5ème Forum Social Mondial, les militants de Jubilée Sud ont souligné qu’Haïti a du débourser les 52 millions de dollars malgré sa situation catastrophique, aggravée par deux inondations meurtrières en 2004.
« Le paiement de telles sommes par des pays déjà appauvris par des politiques néolibérales est un génocide, un crime contre l’humanité », a martelé le Prix Nobel de la Paix argentin Adolfo Perez Esquivel. Jubilée Sud a réclamé l’annulation de la dette haïtienne ainsi que celle des pays frappés par le récent Tsunami en Asie, qui ont fait plus de 200.000 morts.
Au cours de la conférence de presse, Camille Charlmers de la Plateforme Haïtienne de Plaidoyer pour un Développement Alternatif (PAPDA), a comparé le Tsunami au processus d’endettement des pays pauvres, se soldant, selon lui, par des milliers de morts chaque jour, et accentuant la vulnérabilité de ces pays aux catastrophes naturelles.
Les délégués de l’Indonésie, des Philippines et de certains pays africains, ont dénoncé l’immoralité des organisations internationales qui profitent de la situation de vulnérabilité dans laquelle se trouvent les pays frappés par le Tsunami pour leur proposer de nouvelles dettes afin de financer la reconstruction. « Nous ne voulons ni de générosité hypocrite, ni de moratoire. Ce que nous voulons, c’est l’annulation immédiate de cette dette afin de pouvoir dégager des ressources pour la reconstruction de notre pays », a lancé Kustradi de l’Indonésie.
Esquivel a convié les organisateurs et participants au 5ème forum Social Mondial a rechercher des stratégies en vue de faire échec aux politiques néo-libérales, responsables, selon lui, de la mort de plusieurs millions d’enfants dans le monde, car l’argent qui devrait servir à fournir les services de base à la population est utilisé pour payer le service de la dette.
Les journalistes présents a la conférence en ont profite pour poser de nombreuses questions concernant la présence des troupes étrangères en Haïti, en particulier celles provenant des pays de l’Amérique Latine comme le Brésil, l’Argentine et le Chili.
Environ une trentaine d’Haitiens et d’Haitiennes provenant notamment des milieux syndicaux et des ONG participent au cinquième Forum Social Mondial. [cl gp apr 26/01/2005 15:20]