Español English French Kwéyol

Décès de l’ancien président d’Haïti René Garcia Préval

Actualisé à 16:30

P-au-P, 03 mars 2017 [AlterPresse] --- L’ancien président d’Haïti, à deux reprises, l’ingénieur-agronome René Garcia Préval, est décédé, à 74 ans, des suites d’une crise cardiaque, ce vendredi 3 mars 2017, dans un hôpital de l’organisation Développement des activités de santé en Haïti (Dash), à Laboule (à l’est de la capitale, Port-au-Prince), apprend l’agence en ligne AlterPresse.

Malheureusement, certaines personnes ont osé diffuser, sans scrupule, sur les réseaux sociaux, des photos explicites de l’état de René Garcia Préval après sa mort, sans respect pour sa famille. Ce qu’a déploré la branche du Dash à Laboule, dans un communiqué officiel, rendu public dans l’après-midi du décès.

La voix émoussée, une source proche de la famille Préval confirme à AlterPresse la disparition soudaine de l’ancien président, en début d’après-midi de ce vendredi 3 mars 2017, sans pourtant avoir la possibilité de donner des précisions sur le malaise, qu’il a ressenti avant de succomber.

Visiblement sous le choc, Joanas Gué, ancien ministre de l’agriculture, en 2008, sous l’administration de René Garcia Préval, éprouvait des difficultés à exprimer son émotion, tandis qu’il rejoignait la famille Préval, en début d’après-midi, pour témoigner ses sympathies.

Le mardi 7 février 2017, Préval était présent à la cérémonie d’investiture de Jovenel Moïse, sur la cour des ruines du Palais national.

« J’ai appris, avec émoi, le décès de l’ancien Président René Préval. Je me prosterne devant la dépouille de ce digne fils d’Haïti », déclare Jovenel Moïse sur son compte twitter.

Immédiatement après la confirmation de la nouvelle de la mort de Préval, beaucoup de messages étaient diffusés sur les réseaux sociaux.

« Le Bureau des Jeunes d’Afrique en Haïti ne peut que se courber devant la mémoire de cette personnalité, simple, humble et d’une sagesse extraordinaire, qui fut le premier président de l’ère démocratique à avoir réussi à mener à terme deux mandats de cinq ans, avant d’échouer dans sa tentative d’assurer sa succession avec Jude Célestin en 2010 ».

Le Bureau des Jeunes d’Afrique en Haïti dit « apprendre avec regret » le décès de l’ancien président, René Garcia Préval.

Né le 17 janvier 1943 à Port-au-Prince, René Préval fut Premier ministre en 1991 (jusqu’au coup d’État militaire sanglant du 30 septembre 1991, qui renversa le président Jean-Bertrand Aristide, élu le 16 décembre 1990), avant de devenir président de la république : du 7 février 1996 au 7 février 2001, puis du 14 mai 2006 au 14 mai 2011.

Quelques faits marquants durant les 2 périodes de présidence de Préval…

En juin 1997, l’ingénieur-agronome Rosny Smarth, premier ministre depuis 1996, remit sa démission comme chef de gouvernement, à la suite de divergences avec René Préval, notamment sur les résultats des sénatoriales controversées d’avril 1997.

L’année 1999 aura été un autre élément dominant durant le premier mandat (1996 - 2001) de René Préval, quand il déclara, le lundi 11 janvier 1999, la fin du mandat de plusieurs parlementaires. Ce qui lui aliéna la sympathie de différents courants politiques et aboutit à un accord avec certains partis politiques, accord négocié par le secrétaire d’État à la sécurité publique d’alors, l’architecte Robert Manuel, comme émissaire de Préval. Robert Manuel sera, plus tard, à la fin du mois de mai 2008, désigné Premier ministre, après le rejet, le 12 mai 2008, du choix de Pierre Ericq Pierre comme futur chef de gouvernement

Le lundi 3 avril 2000 est aussi une date importante pendant le passage de René Préval à la présidence en Haïti. Des mercenaires assassinèrent, sur la cour de la station de radio privée Radio Haïti Inter, le directeur de la station Jean Léopold Dominique (ami de René Préval) et l’un des gardiens Jean-Claude Louissaint. Jusqu’en mars 2017, plusieurs juges d’instruction ont travaillé sur le double assassinat du 3 avril 2000, sans parvenir à faire la lumière sur ce qui s’est passé, ni sur les méandres et commanditaires politiques ayant entouré l’événement. Au contraire, beaucoup de témoins, présumés au courant des faits, furent sommairement exécutés…

Le deuxième mandat (14 mai 2006 - 14 mai 2011) de René Garcia Préval, pour lequel il n’avait pas obtenu la majorité absolue (les résultats de la présidentielle du 7 février 2006 indiquaient un deuxième tour de scrutin avec Leslie François Manigat, deuxième tour écarté par le Conseil électoral provisoire d’alors, qui décida unilatéralement de répartir les votes blancs à l’ensemble des candidats à la présidence), fut marqué par des événements majeurs, dont, en premier lieu, les émeutes de la faim, en avril 2008, au terme desquelles le sénat de la république allait donner un vote de censure à son premier ministre Jacques Édouard Alexis [1].

En août et septembre 2008, la république d’Haïti, sous le gouvernement de Michèle Duvivier Pierre-Louis, fut successivement frappée par 4 cyclones : Gustav, Fay, Hanna et Ike, qui causèrent des dégâts immenses à diverses infrastructures.

L’étang de Miragoâne (département des Nippes) ayant débordé sur la route nationale No. 2, après le passage de ces 4 cyclones, une déviation – populairement nommée mòn Preval - sera rapidement construite par le Centre national des équipements (Cne, créé par Préval, une structure de fait jusqu’à son rattachement au Ministère des travaux publics, transports et communications / Mtptc, par décret en date du 7 juillet 2004, lequel n’a pas indiqué la mission ni l’organisation du service techniquement déconcentré devenu Centre national des équipements) sur un des bassins versants. Ce qui allait favoriser l’accès, pendant quelques années, dans les départements des Nippes, du Sud et de la Grande Anse…, malgré des accidents de circulation regrettables, dus aux courbes et pentes difficiles érigées sur cette déviation routière…

Le mardi 12 janvier 2010, il y eut le tremblement de terre dévastateur, qui causa plus de 200 mille morts et dont la gestion (sous le gouvernement de Jean Max Bellerive) fut critiquée.

L’opinion publique retiendra de René Garcia Préval son absence de souci pour les aspérités de protocole, son refus d’utilisation intempestive des cortèges imposants et des gyrophares (sirènes) à tout bout de champ, mais surtout la construction de multiples infrastructures routières (à travers Haïti : il parlait de maillage routier pour le pays) ainsi que des tentatives non réussies d’implanter une réforme agraire dans le département de l’Artibonite…

Durant son passage à la présidence d’Haïti, René Préval s’est fait soigner, à plusieurs reprises (notamment en l’année 2011, d’une hernie discale), à Cuba.

Côté famille, René Garcia Préval s’est successivement marié à Solange Lafontant, Gerry Benoît et Elisabeth Débrosses Delatour (mariage en 2009). Il laisse, dans la douleur deux enfants…[jep emb rc apr 03/03/2017 13:00]


[1Ndlr : Jacques Edouard Alexis a été premier ministre, de 1999 à 2001, sans avoir obtenu la ratification de sa déclaration de sa politique générale, par-devant le sénat et la chambre des députés, contrairement aux prescriptions de la Constitution du 29 mars 1987.