P-au-P, 13 févr. 2016 [AlterPresse] --- « Il nous faut reconstruire le modèle de radio (en Haiti). Car, aujourd’hui, ceux, qui interviennent à la radio, ne respectent ni la vocation, ni les standards d’objectivité, nécessaires à tous journalistes, présentateurs et leaders d’opinion ».
C’est en ces termes que s’est exprimé le professeur Ary Régis, directeur général de la Société d’animation et de communication sociale (sigle créole Saks), à l’occasion de la 6e célébration de la journée mondiale de la radio, ce 13 février 2017.
Interrogé par AlterPresse, le professeur à l’Université d’Etat d’Haiti (Ueh) déplore le fait que la radio soit aujourd’hui réduite à la trivialité, à des espaces de parole de leaders d’opinions auto-proclamés et, surtout, à l’unique « aspect commercial » du medium de communication et d’information.
« La radio est devenue plus une mode… une autre tendance consiste à faire de la radio une prolongation de la vie quotidienne. Le contenu, qui y est diffusé, n’est soumis à aucune rigueur, aucune formalité », critique-t-il.
Il rappelle que la population a toujours tendance, pourtant, à croire tout ce qu’elle entend à la radio. Celle-ci reste et demeure le medium le plus puissant, le plus répandu et le plus accessible en Haïti, rappelle-t-il.
Lors de la présentation, à l’Institut Français d’Haiti, d’une enquête sur les usages d’Internet dans le pays, Gotson Pierre, Coordonnateur du Groupe Médialternatif, a profité pour mettre l’accent sur le lien existant entre la radio et l’Internet, dans le contexte haitien.
Moyen le plus dynamique, le plus réactif et le plus attractif, la radio s’adapte aux changements du 21e siècle et offre de nouvelles façons d’interagir et de participer, souligne-t-il.
Cependant, « si la radio reste le medium le plus puissant, le plus accessible, le plus prisé, les médias Internet sont ceux qui touchent directement les décideurs », relève-t-il.
Guyler C. Delva, responsable de l’association Sos journalistes, estime, dans une conversation téléphonique avec AlterPresse, que la radio possède une grande influence sur les décideurs politiques.
Il reconnaît cependant que les pires ennemis de la radio sont ceux qui interviennent, sur les ondes, sans professionnalisme et sans éthique.
« Il nous faut parvenir au stade d’une radio consciente de son rôle… où le journaliste parle avec équité et justice », dit-il.
Delva admet également que les temps d’antennes sont « monopolisés par une minorité de la classe politique [et que tout le monde n’a pas voix au chapitre] ».
La radio est l’instrument de prédilection pour combattre cette inégalité, avance le journaliste, qui appelle les différentes institutions radiophoniques à se renforcer pour devenir plus performantes.
L’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) célèbre, cette année 2017, la journée de la radio sous le thème :« la radio, c’est vous ! » [am emb apr 13/02/2017 16:10]