P-au-P, 10 févr. 2017 [AlterPresse] --- Le discours prononcé par le président Jovenel Moïse, le mardi 7 février 2017, lors de son investiture, serait profitable à la bourgeoisie, selon plusieurs secteurs sociaux interrogées par AlterPresse.
Le discours de Moïse qui privilégie l’agriculture industrielle, la sous-traitance et le tourisme s’inscrit dans une même logique de prise en compte des intérêts de la bourgeoisie, déplore Yanick Etienne de Batay Ouvriye.
Batay Ouvriye appelle la population à créer une résistance forte en vue de lutter contre l’orientation imposée au pays par la classe dominante.
« Les gens qui viennent de prendre le pouvoir ont déjà été orientés », selon Etienne.
Pour Guy Numa, membre de la coordination du Mouvement démocratique populaire (Modep), la population ne va bénéficier d’aucune opportunité sous la présidence de Moïse.
Ce dernier, investi malgré son inculpation dans une affaire de blanchiment des avoirs, représente la continuité de l’ancien pouvoir Tèt kale de Joseph Michel Martelly, met-il en garde.
Le président va diriger essentiellement le pays en vue de pouvoir satisfaire les intérêts de la communauté internationale et de la bourgeoise haïtienne, estime-t-il.
Modep appelle les secteurs progressistes à s’unir en vue de proposer une vraie alternative aux problèmes d’Haïti.
Lors de son premier discours à la nation, prononcé le 7 février 2017, sur la cour des ruines du Palais national, peu de temps après sa prestation de serment au parlement, Moïse a encouragé toutes les Haïtiennes et tous les Haïtiens à s’unir pour relever les défis, auxquels fait face Haïti.
Il a évoqué des défis liés à la réforme des écoles haïtiennes et la lutte contre les discriminations qui ne doivent pas empêcher, selon lui, la réussite économique et sociale de personne.
Il a promis de combattre les crises institutionnelles, consolider l’État de droit, relancer l’économie et d’améliorer les conditions générales de vie de la nation.
« Nombreux et complexes sont les défis qui l’attendent. Mais, au vu de ce qu’il représente, sa présidence a toutes les chances d’enfoncer un peu plus le pays dans un cycle de crises et de catastrophes », estime le politologue belge Frédéric Thomas.
« Traditionnels laissés-pour-compte d’un ’développement’ qui s’est fait sans eux et contre eux, les paysans haïtiens n’ont rien à attendre du nouveau président », pense-t-il.
Jovenel Moïse, agriculteur « à sa façon », PDG de la première zone franche agricole, d’exportation de bananes, « entend bien poursuivre la stratégie mise en place par les précédents gouvernements (...). La baisse des tarifs douaniers, la libéralisation du secteur, le désinvestissement du milieu rural ont entraîné la dépossession du paysan et la déstructuration de l’agriculture – qui représente, encore aujourd’hui, un peu plus de 20% du PIB », rappelle le politologue.
Des consultations sont entamées, depuis le mercredi 8 février, entre le nouveau chef d’Etat et les présidents du sénat et de la chambre des députés, respectivement, Youri Latortue et Cholzer Chancy autour de la désignation d’un nouveau premier ministre. [jd emb apr 10/02/2017 10 :45]