P-au-P, 3 févr. 2017 [Alter Presse] --- La campagne pour la mobilisation des ressources financières est indispensable pour l’autonomie des communes du pays, affirme le président provisoire sortant, Jocelerme Privert, lors d’un sommet organisé le vendredi 3 février 2017, auquel a assisté l’agence en ligne AlterPresse.
Les collectivités doivent être gérées par des organes propres et être détentrices des compétences propres, différentes des compétences de l’État, souligne-t-il, lors de ce sommet sur l’identification et la mobilisation des ressources pour le financement des collectivités territoriales.
« Les finances de la république sont divisées en finances nationales et locales (…). Pour qu’il y ait finances locales, il faut une loi pour faire la répartition des finances de la république », avance Privert.
Il y a trois ans de cela, l’État a collecté seulement 500 millions de gourdes à travers la Contribution foncière des propriétés bâties (Cfpb) communément appelée impôt locatifs, dans les 140 communes de la république, alors que le montant récolté devrait être 5 milliards de gourdes, rapporte-t-il, citant une analyse réalisée lors d’un sommet sur la finance.
« Ce potentiel fiscal non exploité aurait pu permettre à la mairie de développer ses capacités », estime le chef de l’État.
Pour sa part, le président de la Fédération nationale des maires haïtiens (Fenamh), Jude Edouard, maire de la commune de Carrefour (périphérie sud), dit vouloir porter au plus haut niveau l’initiative concernant l’identification et la mobilisation des ressources pour financer la décentralisation en Haïti.
« La situation des finances locales de la république est alarmante. Les statistiques disponibles au niveau du Mict (Ministère de l’intérieur et des collectivités territoriales) en termes de recettes communales globales pour les 140 communes donnent un montant total de 900 millions de gourdes, soit 13 millions de dollars américains », indique-t-il.
Seulement 5% de ces recettes, soit 30 millions de gourdes sont collectés dans 134 communes alors que 95%, soit 870 millions de gourdes, sont perçus dans les 6 communes de la zone métropolitaine de Port-au-Prince, précise-il.
Il appelle les maires, les Conseils d’administration des sections communales (Casec), les Assemblées des sections communales (Asec) et les délégués de ville à se mettre ensemble en vue de construire un espace de dialogue avec le pouvoir exécutif et le législatif.
« Malgré l’augmentation des ressources durant les 20 dernières années, passant de 20 millions de gourdes en 1996 à 1,7 milliards de gourdes aujourd’hui, elles ne sont pas suffisantes pour garantir un niveau minimal de fonctionnement de ces communes », met-en garde Edouard.
Il invite le nouveau président élu, Jovenel Moise, à créer une commission présidentielle, chargée d’une réforme en profondeur de la fiscalité locale.
Il l’encourage également à doter les 51 communes du Grand Sud d’une compensation financière, parce que leurs recettes sont réduites à zéro.
Il faut que les 145 communes et les 572 sections communales soient représentées dans le budget national, souhaite Moise, qui appelle les maires à préparer leurs cahiers de décharge.
« Le développement du pays doit passer par le développement des communes et des sections communales », selon le nouveau président qui promet de travailler au profit des collectivités territoriales. [jd emb gp apr 06/02/2017 10 :45]