Par Jean Elie Paul
Dame-Marie, 24 janv. 2017 [AlterPresse] --- Les funérailles d’Alexandrine Louis-Jeune, l’adolescente décédée, le mardi 25 octobre 2016, lors d’une distribution d’aide à Dame-Marie (commune côtière du département de la Grande Anse, une partie du Sud-Ouest d’Haïti) tardent encore, trois mois après son assassinat.
Les parents de la victime continuent de réclamer justice et réparation pour leur fille unique, selon les témoignages recueillis par AlterPresse.
Les larmes aux yeux, la mère de la victime, Elvila Charlestin, fustige l’insouciance des autorités, notamment municipales, qui ne faciliteraient pas la tenue des funérailles de sa fille.
Elvila Charlestin vit sous une bâche, établie non loin du rivage (à proximité de la mer) de Dame-Marie, dans l’espace de sa maisonnette, détruite par le passage du puissant cyclone Matthew, les lundi 3 et mardi 4 octobre 2016.
« Le 25 janvier 2017 fera trois mois, depuis que j’ai perdu ma fille. Chaque fois que les responsables me donnent un rendez-vous à la morgue, cela ne marche pas. C’est comme s’ils me faisaient tourner en rond », déplore-t-elle.
Elvila Charlestin est très amère face aux agents de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah) et de la Police nationale d’Haïti, qui seraient, selon elle, responsables de la mort de sa fille.
Une enquête serait en cours sur ce dossier, afin de déterminer lesquels des agents des deux institutions, sur place lors du décès d’Alexandrine Louis-Jeune, seraient responsables de la mort de la jeune fille.
Le Ministère de l’intérieur et des collectivités territoriales (Mict) avait évoqué une tentative de pillage, par certains riverains, d’une cargaison d’aide humanitaire à Dame-Marie.
Des affrontements ont eu lieu entre les pilleurs et des policiers nationaux et agents de la Minustah, qui assuraient la sécurité des opérations.
Les forces de l’ordre sont intervenues, en faisant usage de gaz lacrymogènes et de projectiles, afin d’évacuer la foule, rapportait le Mict.
« Ma fille est toujours à la morgue. Elle est devenue toute noire. Le soir, je ne peux pas dormir, parce que je pense à elle. Personne ne sait ce qu’elle aurait pu devenir. Elle a disparu comme à la vitesse de l’éclair », se lamente-t-elle.
Elvila Charlestin, qui se dit privée de moyens financiers, réitère son appel aux autorités afin de pouvoir organiser des funérailles dignes à sa fille.
Maladif et étant fauché, le père d’Alexandrine Louis-Jeune, Lefranc Louis-Jeune, affirme, de son côté, ne pas savoir vers qui se tourner pour soulager sa peine.
En attendant une décision judiciaire sur ce dossier, les funérailles d’Alexandrine Louis-Jeune, victime lors d’une distribution d’aide, le mardi 25 octobre 2016, à Dame-Marie, risquent-elles encore d’attendre des mois ? [jep emb rc apr 24/01/2017 13:20 ]