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Haïti-Société : « Retrouver sans délai notre capacité d’avoir honte », prône le professeur Wilson Jabouin

P-au-P, 06 janv. 2017 [AlterPresse] --- Des citoyens haïtiens auraient perdu la capacité d’avoir honte, dénonce le professeur à l’Université d’État d’Haïti (Ueh), Wilson Jabouin, également détenteur d’une spécialisation en politique publique.

Jabouin intervenait sur la conjoncture politique haïtienne, notamment l’arrestation de l’ancien officier de police, Guy Philipe, à l’émission Ti chèz ba, prévue pour être diffusée les samedi 7 et dimanche 8 janvier 2017 sur la station en ligne AlterRadio (samedi : 7:00 am, 3:00 pm ; dimanche : 7:00 am, 1:00 pm, 5:00 pm).

L’arrestation de Philipe devrait nous apprendre à avoir honte, estime-t-il.

« C’était assez pathétique, quand on lui faisait monter et descendre de l’avion (suivant des images vues sur les réseaux sociaux). C’est humiliant. Je me demande maintenant est-ce qu’on pourrait réapprendre à avoir honte en Haïti », affirme-t-il.

Cette absence de capacité d’indignation est « très mauvaise » pour l’avancement du pays, avance Jabouin, soulignant un problème d’impunité et une faiblesse institutionnelle, notamment au niveau de la justice et de la police.

Le sénateur élu aux dernières élections a été finalement arrêté par la Brigade de lutte contre le trafic de stupéfiants (Blts), à Pétionville (périphérie, est) dans l’après-midi du jeudi 5 janvier 2017, puis extradé dans la soirée, par les agents de la Drug enforcement administration (Dea) vers les États-Unis d’Amérique.

Actuellement en prison en Floride, Guy Philippe a été présenté devant un juge, ce vendredi 6 janvier 2017.

Le sénateur élu a été poursuivi depuis une dizaine d’années par la Police nationale d’Haïti (Pnh) et la Drug enforcement administration (Dea) pour trafic de drogue présumé.

Pour le professeur, la dégradation morale renforce l’attrait de l’argent facile, tandis que les ambitions personnelles prennent largement le pas sur l’intérêt général.

Jabouin plaide en faveur d’un renforcement des institutions étatiques et la création d’un véritable corps de police financier pour surveiller les fraudes fiscales.

Moraliser la politique

Le professeur Jabouin exhorte à moraliser la politique et à effectuer un travail d’éducation civique au niveau national à travers un programme bien conçu, à mettre en oeuvre dans les écoles.

C’est, selon lui, le premier pas pour revenir à la construction démocratique en agonie.

Il estime qu’il faut encore livrer beaucoup de combats pour la relancer, à l’instar d’un ensemble de batailles, menées depuis la chute de la dictature en 1986.

« Les gens ne croient plus au discours politique et idéologique », pense-t-il, dénonçant l’existence de secteurs politiques « éhontés ».

Il soutient que la classe politique, dans son ensemble, a été rejetée par la population lors des dernières élections (présidentielle et législatives), au cours desquelles, rappelle-il, seulement un million d’électrices et d’électeurs se sont rendus aux urnes sur 6 millions.

Les médias, l’institution électorale et les partis politiques n’ont pas réussi à mobiliser les citoyennes et citoyens pour aller voter, afin de décider de notre avenir, indique-t-il.

Le désenchantement et l’organisation du système politique seraient à l’origine de cette abstention, argue-t-il, tout en appelant à repenser le système politique en général.
[emb gp apr 06/01/2017 17 :15]


TiChèzBa, édition du 9 décembre 2016 - Invitée, Jocelyne Colas-Noel, directrice nationale de la Commission épiscopale Justice et paix

La directrice nationale de la Commission épiscopale (catholique romaine) Justice et paix (Ce/Jilap), Jocelyne Colas Noël, encourage une vérification électorale correcte, en vue de l’achèvement du processus électoral.