P-au-P., 28 déc. 2016 [AlterPresse] --- Les 5 juges du tribunal électoral qui procède à la vérification d’un échantillon de procès-verbaux de la présidentielle du 20 novembre ont été récusés par 2 des trois partis ayant demandé cette vérification.
Les demandes de récusations produites par la plateforme Pitit Desalines et la Ligue alternative pour le progrès et l’émancipation haïtienne (Lapeh) ont été reçues dans l’après-midi au Centre de tabulation des votes (Ctv), où s’est transporté le tribunal.
Les juges prenaient des dispositions pour vérifier un dernier lot de moins de 300 procès-verbaux, quand les correspondances des partis contestataires leur sont parvenues.
La lettre du candidat à la présidence de Lapeh, Jude Celestin, dont a pris connaissance AlterPresse, pointe du doigt le comportement des juges, qu’il accuse de « partialité caractérisé assimilable à un conflit d’intérêt ».
Comme pour une première récusation dans le cadre du traitement des dossiers de contestation des résultats de la présidentielle, le Bureau du contentieux électoral national (Bcen) s’en remet au Conseil électoral provisoire (Cep), qui aura à se prononcer.
Les représentants de Pitit Desalines, Lapeh ainsi que Fanmi Lavalas avaient quitté, le 22 décembre, les lieux de la vérification, débutée le 20 décembre. Ils avaient rejeté la décision du Bcen de leur interdire de manipuler les procès-verbaux, ni d’émettre des commentaires, ceux-ci devant être présentés lors d’une plaidoirie. Ils sont revenus dans l’après-midi du 24 décembre, et ont assisté au tirage aléatoire de procès-verbaux à vérifier, puis se sont à nouveau retirés.
De leur côté, les représentants du Parti haïtien tèt kale (Phtk), dont le candidat Jovenel Moise arrive en tête dans les résultats préliminaires avec 55.67% des suffrages exprimés, ont continué à assister aux opérations.
Au niveau des organismes d’observation électorale, le Réseau national de défense des droits humains (Rnddh), a annoncé le 27 décembre avoir cessé depuis la veille d’observer la vérification. Pour Marie Yolene Gilles-Colas, du Rnddh, la vérification ne s’effectue pas suivant les critères prévus par le décret électoral.
Mais d’autres organisations, dont le Conseil haïtien des acteurs non étatiques (Conhane) et le Conseil national d’observation (Cno), faisant partie d’une coalition avec le Rnddh, ont poursuivi leurs observations.
Il en est de même des observateurs internationaux et de l’Observatoire citoyen pour l’institutionnalisation de la démocratie (Ocid). Rony Desroches, de l’Ocid, approuve le processus en cours et critique le fait que les partis contestataires veulent, à tout prix, imposer leur méthode aux juges électoraux.
Les derniers développements sont susceptibles de perturber le calendrier électoral, qui prévoit la proclamation des résultats définitifs de la présidentielle. [apr 28/12/2016 00 :30]