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Bilan 2016 : Le système éducatif national est devenu plus fragile, en 2016, en Haïti

Par Betty Désir

P-au-P, 26 déc. 2016 [AlterPresse] --- Déjà en proie à un état de stagnation, le système éducatif national est devenu encore plus fragile au cours de l’année 2016, suite aux dégâts provoqués par le passage du cyclone Matthew, les lundi 3 et mardi 4 octobre 2016, selon les donnéesrecueillies par l’agence en ligne AlterPresse.

Rien de concret n’a été constaté, au niveau de l’éducation, dans la gestion post-Matthew, plus de deux mois après son passage, critique le coordonnateur général de l’Union nationale des normaliennes et normaliens haïtiens (Unnoh), Josué Mérilien, dans des déclarations à AlterPresse.

Seules les écoles, qui devaient servir de centres de vote, ont pu être réhabilitées ainsi que celles situées en pleine rue.

L’Unnoh déplore le manque d’élan des autorités de l’éducation pour résoudre les problèmes, auxquels fait face le système éducatif national.

L’organisation syndicale enseignante souligne d’énormes faiblesses, enregistrées dans les résultats catastrophiques des examens du baccalauréat de l’année 2016 [1], les mauvaises conditions de travail des enseignantes et enseignants, ainsi que le non-paiement (récurrent) de leurs arriérés de traitements dans les écoles publiques.

Certains enseignants, dans le département du Plateau central, ont reçu le paiement de leurs arriérés de traitements, alors que ceux, issus des zones affectées par l’ouragan Matthew, attendent encore...

Un mois après la réouverture officielle des classes, du lundi 5 septembre 2016, le système éducatif haïtien allait subi d’énormes pertes avec le passage du cyclone Matthew.

Les départements du Sud, de la Grande Anse et des Nippes (Sud-Ouest d’Haïti) ont été les plus fortement touchés par le cyclone.

Sur les 774 établissements scolaires, qui ont été affectés par l’ouragan Matthew, seulement huit (8) d’entre eux avaient pu être réhabilités fin octobre 2016, selon un rapport émanant du Ministère de l’intérieur et des collectivités territoriales (Mict), rendu public durant le week-end du 21 au 23 octobre 2016.

Parmi ces écoles affectées, on dénombrait 228 dans le département des Nippes, 217 dans la Grande Anse, 171 dans le Sud, 73 dans le Nord-Ouest, 33 dans le Sud-Est, 26 dans l’Artibonite, 22 dans l’Ouest et 4 dans le département du Plateau central.

Après cinq jours de suspension (du lundi 3 au vendredi 7 octobre 2016), la reprise des activités scolaires a été effective, le lundi 10 octobre 2016, excepté dans les zones considérablement touchées.

Les activités scolaires ont repris progressivement le mardi 18 octobre 2016, dans le département du Sud, affecté par l’ouragan.

Environ 300 écoles ont été endommagées (partiellement ou totalement), suivant les premières données, fournies par les missions de terrain dans les départements les plus affectés, soulignait une note du Ministère de l’éducation nationale et de la formation professionnelle (Menfp).

« 313 écoles ont pu être réhabilitées, dont 97 sont en voie de finalisation des travaux. 57 nouveaux chantiers seront bientôt lancés. Pour les écoles totalement détruites, des bâches et/ou des tentes ont été dressées, en attendant la reconstruction de ces écoles. », indiquait un communiqué du Menfp, en date du 15 décembre 2016.

Le Menfp « continue de rechercher des ressources financières, auprès des acteurs, afin de poursuivre les travaux sur l’ensemble des écoles affectées. L’objectif est de permettre une reprise globale des activités scolaires, d’ici janvier 2017 ».

« Seulement 5 à 10 % des établissements scolaires endommagés ont pu être réparés, non pas pour la reprise des classes, mais pour héberger des centres de vote. Jusqu’à date (décembre 2016), des lycées de Jérémie n’ont pas encore rouvert leurs portes, les lycées de jeunes filles et Nord Alexis ne peuvent pas fonctionner, faute de bancs », signale l’Unnoh à AlterPresse.

Toutes les enseignantes et tous les enseignants auront une rencontre nationale, le mardi 27 décembre 2016, en vue de planifier de nouvelles stratégies en matière de mobilisation pour l’année 2017, annonce le coordonnateur général de l’Unnoh.

Les perspectives pour l’année 2017 consisteront à lutter pour une éducation de qualité et à parvenir à une allocation de 35% à l’éducation dans le budget national, selon les revendications de l’Unnoh.

« Il n’y a pas eu d’avancées au niveau de la grille salariale et du paiement des arriérés de traitements (…). Cette situation catastrophique va apporter de l’instabilité dans le système et va interpeller les syndicats d’enseignantes et d’enseignants, qui vont continuer à se mobiliser », anticipe le coordonnateur général de l’’Union nationale des normaliens et éducateurs d’Haïti (Unnoeh), Georges Wilbert Franck.

Une vaste mobilisation nationale sera enclenchée pour forcer l’État à prendre ses responsabilités dans le domaine de l’éducation, prévient l’Unnoeh.

L’Unnoeh affirme plaider pour une meilleure formation des enseignantes et enseignants, et une augmentation de l’offre scolaire, assurée par le public.

L’offre scolaire publique se situe autour de 10%, alors que l’éducation devrait être accessible à toutes et tous, relève l’Unnoeh. [bd emb rc apr 26/12/2016 15:30]


[1Ndlr : Les résultats complets des examens du baccalauréat, pour la session
ordinaire 2015-2016, ont fait état de 45,962 candidates et candidats
admis sur un effectif de 166,662, soit un taux de réussite globale de
27.58 %, selon les données du Menfp.