P-au-P, 19 déc. 2016 [AlterPresse] --- Le Groupe d’appui aux rapatriés et réfugiés (Garr) exhorte l’État haïtien à prendre ses responsabilités envers les ressortissants haïtiens, à l’occasion de la journée internationale des migrants, célébrée le dimanche 18 décembre 2016.
Aucune disposition n’est mise en place pour permettre aux migrantes et migrants de rester et de vivre dans leur pays d’origine lorsqu’ils sont de retour, déplore la militante de droits humains et ex-coordonnatrice du Garr, Collette Lespinasse, lors d’un atelier binational organisé le vendredi 16 décembre 2016, à Belladère (département du Centre / Est).
Cet atelier auquel a assisté l’agence en ligne AlterPresse a eu lieu en prélude à la journée internationale des migrants autour du thème : « Migration irrégulière, déportations : Bilan et perspectives pour Haïti et la République Dominicaine ».
L’État haïtien doit reconnaître que les migrants jouent un grand rôle dans la vie du pays même s’ils sont à l’étranger et qu’il a la responsabilité de les protéger et les défendre, soutient Lespinasse.
Elle l’encourage à ratifier la convention relative à la protection des migrants ainsi que leurs familles, affirmant qu’« il n’est pas normal qu’on ait plus d’un million d’Haïtiens à l’étranger en tant que migrants.
Elle exhorte les autorités haïtiennes à donner des documents d’identité aux migrants et mettre en place une stratégie pour réformer le système d’état civil, les gestions de l’Office national d’identification (Oni) et de la direction de l’immigration et de l’émigration, afin de faciliter l’obtention de passeports aux migrants haitiens.
Il existe un lien étroit entre l’immigration irrégulière et les problèmes liés à la documentation en Haïti, souligne la responsable de communication et plaidoyer au Garr, Géralda Sainville Lubin, lors de l’atelier.
Elle critique le système d’état civil haïtien, qui est, dit-elle, défaillant.
L’objectif de l’atelier du 16 décembre consistait à sensibiliser sur les conséquences de la migration irrégulière et des actions de plaidoyer pour contribuer à de meilleures politiques en faveur des migrants.
Pour sa part, le coordonnateur général du conseil de développement économique et social (Cdes), Louis Naud Pierre, relève un manque de coordination et de leadership dans le domaine de la migration.
L’éparpillement des ressources institutionnelles, économiques et matérielles d’Haïti affaiblit l’État, incapable de les maitriser, constate-t-il.
Il recommande la mise sur pied d’un organe de coordination qui peut jouer le rôle d’interface pour toutes les structures étatiques et la création d’un fonds d’investissement de la diaspora et l’orientation de ses transferts vers des projets de développement.
De janvier 2016 au 16 décembre 2016, plus de 154 mille personnes ont été rapatriées sur les différents points frontaliers d’Haïti. Près de 90 mille d’entre elles sont retournées, de manière spontanés, alors que plus de 60 mille ont été rapatriés. [bd emb gp apr 19/12/2016 14 :35]