P-au-P., 17 janv. 05, [AlterPresse] --- Le gouvernement a alerté la Brasserie Nationale d’Haïti (Brana S.A) sur les effets pervers d’une affiche de cette compagnie, jugée sexiste par les secteurs féministes, a révélé la Ministre à la Condition Féminine, Adeline Chancy, lors d’une interview accordée à AlterPresse.
Le placard incriminé, placé sur une artère très fréquentée de Port-au-Prince, montre les fesses quasi nues d’une femme sur une plage, tenant une bouteille de bière.
« Une telle pancarte contribue à la recrudescence de la violence dans la société, en particulier de la violence spécifique contre les femmes », a estimé Chancy. Elle a indiqué à AlterPresse que le gouvernement a « invité » le Président de la BRANA, Michael Madsen, à « prendre les dispositions nécessaires pour ne pas causer de tort à la société ».
« Je n’arriverai jamais à comprendre l’émoi suscité par ce placard chez des censeurs et des ligues féministes en mal d’occupation réelle », avait écrit Madsen dans un encart publié plusieurs fois dans le quotidien Le Nouvelliste. Il avait précisé qu’il allait continuer à faire de la « publicité hardie ».
La ministre à la Condition Féminine a souligné qu’il n’y a pas une polémique entre l’Etat et la BRANA. Il y a, a-t-elle précisé, un problème social qui mérite un débat de société sur les publicités sexistes. « Il est primordial que tout le monde s’y penche et s’y implique afin de lutter contre et d’en finir avec les discriminations de toutes sortes faites aux femmes » a déclaré Adeline Chancy.
En juin 2004, la Ministère à la Condition Féminine et aux Droits de la Femme avait déjà fait parvenir une note à la BRANA, affirmant que « les femmes ne peuvent plus continuer à vivre dans une société qui les rabaisse à un simple objet de sexe ». Le ministère avait demandé à la BRANA d’enlever les affiches publicitaires discriminatoires aux femmes.
La semaine dernière, la Coordination de Plaidoyer pour les Droits de la Femme (CONAP) avait réitéré son appel à un retrait de l’encart jugé discriminatoire vis-à -vis des femmes. En novembre 2004, des militantes féministes avaient inscrit sur l’affiche un slogan indiquant que « le corps des femmes n’est pas une marchandise ». [fl gp apr 18/01/2005 15:45]