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Haiti : attaques et menaces contre des journalistes

P-au-P., 17 janv. 05, [AlterPresse] --- Plusieurs attaques et menaces contres des journalistes ont été enregistrées ces dernières semaines à Port-au-Prince dans un contexte de violences sporadiques.

Deux journalistes du quotidien haïtien Le Nouvelliste, Claude Bernard Serant et Jonel Juste, ont été sauvagement agressés le 14 janvier par des partisans violents de l’ancien Président Jean Bertrand Aristide au Belair, un des quartiers chauds de la capitale.

Le Nouvelliste, qui a publié les photos des confrères, dont l’un est tout ensanglanté, a indiqué qu’ils ont été dépouillés de leur matériel de travail, cartes de presse et leur argent. Selon le quotidien, un des agresseurs a déclaré que « la faute est aux journalistes si Aristide n’est plus au pouvoir et si notre ventre crie famine. La misère nous ronge aujourd’hui, ce n’est pas possible. Aristide doit revenir ».

Le même jour, la police a saisi la caméra d’un reporter de la station privée Radio Télé Guinen, qui couvrait une opération policière au Village de Dieu, l’un des bidonvilles du bord de mer de la capitale.

La Direction de la station a exprimé son indignation à AlterPresse avant de préciser que, suite à des démarches, la caméra a été rendue le même jour par la police, sans la cassette qu’elle contenait.

Selon la Direction de Radio Télé Guinen, la police a reproché à cette station d’accorder une large audience aux bandits qui s’expriment à visage couvert, et de filmer, lors des opérations policières, uniquement les agents de l’ordre en action et jamais les bandits.

Parallèlement, certains médias s’enorgueillissent d’avoir accès à des quartiers chauds dans lesquels la plupart des journalistes ne peuvent pas pénétrer. « Je crains que ce type d’exclusivisme favorise une plus grande polarisation des médias dans la couverture des faits relatifs aux secteurs sensibles de Port-au-Prince », a déclaré un confrère étranger à AlterPresse.

Un mouvement violent est en cours depuis le 30 septembre dans plusieurs quartiers de la capitale, afin d’exiger le « retour physique » de l’ancien Président Jean Bertrand Aristide, réfugié en Afrique du Sud. Plusieurs dizaines de personnes ont été tuées et les activités socio-économiques demeurent encore très affectées.

Par ailleurs, la journaliste Nancy Roc, animatrice d’une émission à Radio Métropole, a annoncé le 15 janvier qu’elle avait du laisser le pays au début de l’année à cause de persistantes menaces de mort. Se gardant de révéler des éléments sur l’origine de ces menaces, Roc a qualifié Haiti de « République mafieuse ».

Le 23 décembre 2004, la direction de la station privée Radio Kiskeya dénonçait de sérieuses menaces de mort contre sa Directrice de Programmation et présentatrice de nouvelles, Liliane Pierre-Paul. La direction de la station déclarait détenir des données fiables sur des complots à la capitale pour attenter à la vie de la journaliste. [gp apr 15/01/2005 17:00]