Par Jean Elie Paul
P-au-P, 30 nov. 2016 [AlterPresse] --- Le porte-parole du secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (Onu), le Français Stéphane Dujarric [1], annonce de nouveaux efforts pour enrayer l’avancée du choléra en Haïti, dans une interview accordée à AlterPresse.
Le jeudi 1er décembre 2016, le secrétaire général sortant de l’Onu, le Sudcoréen Ban Ki Moon, entend présenter une nouvelle approche dans la lutte contre le choléra, fait savoir Dujarric, intervenant par téléphone, depuis New York (Etats-Unis d’Amérique), où se trouve le siège de l’Onu.
L’objectif premier consisterait à intensifier les efforts immédiats, pour réduire le taux de profusion de l’épidémie du choléra, ainsi que pour améliorer l’accès aux soins et à l’eau potable.
Les efforts seront redoublés pour l’élimination du choléra.
« L’un des facteurs clés pour assurer ce succès, c’est un investissement dans les structures de canalisation et les structures sanitaires en Haïti. Tout cela va demander des ressources en argent », souligne le porte-parole du secrétaire général de l’Onu.
Cette demande sera adressée par Ban Ki Moon à l’Assemblée nationale de l’Onu, indique-t-il.
La deuxième partie de cette approche permettra d’aider la communauté, notamment « les personnes impactées » par le choléra en Haïti.
« Le Ministère de la santé et de la population (Mspp) a demandé un appui pour mettre en œuvre un Plan à moyen terme (2016-2018), pour l’élimination du choléra, avec un budget estimé à 180 millions de dollars (américains) [2] », lit-on dans un document des Nations unies.
« Le montant total des fonds nécessaires, prévus pour financer la nouvelle approche en deux temps, au cours des deux prochaines années, sera de l’ordre de 400 à 500 millions de dollars », précise Stéphane Dujarric.
« Les victimes et leurs familles ainsi que les communautés affectées devront recevoir une aide et un soutien, par le biais de projets et d’initiatives communautaires, pour atténuer la souffrance subie à la suite de l’épidémie du choléra », tente de rassurer Dujarric.
Ces projets seront élaborés sur la base d’actions prioritaires ; définies en consultation avec les communautés concernés et avec les autorités gouvernementales haïtiennes.
Les nouvelles réflexions, en vue de diminuer la propagation de l’épidémie du choléra en Haïti, insistent sur la nécessité d’envisager une approche individuelle, permettant d’effectuer une estimation exacte du nombre de personnes, qui sont mortes de choléra.
Il est nécessaire d’identifier les personnes décédées et les membres de leurs familles, afin d’assurer, pour eux, un certain financement, pour chaque décès du choléra.
Cela demandera aussi d’évaluer les coûts et les risques, engendrés par cette approche, avance-t-il.
L’Onu veut pouvoir mener des consultations auprès des victimes et de leurs familles, une initiative qui demandera, dit-il, des fonds de la part de la communauté internationale pour assurer le succès du programme.
Quelles échéances ?
« La première échéance est liée à la présentation de ce programme par Ban Ki Moon et la deuxième concerne l’attente des fonds pour le mettre en route », affirme Dujarric
Des réponses positives auraient été obtenues, suite aux pourparlers engagés avec certains bailleurs internationaux.
« Le message, que nous faisons passer à la communauté internationale, c’est que l’éradication du choléra va exiger un engagement soutenu et surtout les ressources nécessaires », renchérit Dujarric.
« Une campagne de sensibilisation est nécessaire à côté de celle liée à la vaccination. Tout cela doit se faire de manière parallèle, afin de sensibiliser pour limiter la transmission du choléra, surtout après un ouragan » (le passage du cyclone Matthew, les lundi 3 et mardi 4 octobre 2016, sur Haïti), estme Dujarric.
Une campagne de vaccination contre le choléra - menée, en novembre 2016 par le Ministère haïtien de la santé publique et de la population, et soutenue par l’Organisation mondiale de la santé (Oms) et le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) - a permis de vacciner 729 mille personnes dans 16 communes de la Grande Anse (une partie du Sud-Ouest) et du Sud, soit une couverture vaccinale moyenne de 90% dans ces deux départements géographiques. [jep emb rc apr 30/11/2016 11:30]
[1] Ndlr : Né le 20 août 1965 à Paris, Stéphane Dujarric de la Rivière, plus communément appelé Stéphane Dujarric, avait déjà assumé, entre 2005 et 2006, la fonction de porte-parole auprès du secrétaire général de l’Onu de l’époque, le Ghanéen Kofi Annan.
[2] Ndlr : US $ 1.00 = 68.00 gourdes ; 1 euro = 78.00 gourdes ; 1 peso dominicain = 1.60 gourde aujourd’hui.