Avec la collaboration de Patrick Eliancy, journaliste haïtien exerçant à Miami
Les émissions radiophoniques haïtiennes affluent à Miami. Elles sont présentes notamment sur le WLQY émettant sur la fréquence 13-20 et appartenant à un consortium américano-cubain dirigé par Rick Sanchez.
Le service n’envoie pas au marché. à‡a pourraît être la devise de cette station qui héberge des programmes de factures diverses : bon, passable, médiocre, exécrable. Vous payez et vous avez l’antenne. En effet, ils sont une vingtaine de « programmeurs » à louer des espaces sur le 13-20.
Les programmes se succèdent et sont précédés d’un petit spot en anglais rappelant quelques normes à respecter, conformément aux prescrits de la FCC, l’équivalent dans une certaine mesure du Conseil National des Télécommunications (CONATEL) en Haïti. Un petit spot qui a tout à l’air d’un arbre qui cache la forêt. Car très souvent, les contenus des programmes défient l’entendement et les références d’ordre éthique.
Si les programmes, qui n’engagent pas d’ailleurs la WLQY, paraissent assez controversés, la station arrive toutefois à tirer son épingle du jeu. Le chiffre d’affaires de la WLQY s’élèverait annuellement à ½ million de dollars par an. La situation n’est certes pas aussi rose pour la vingtaine de "programmeurs" haïtiens dont la publicité reste officiellement la principale source de revenu. Des "locataires" qui, pour la plupart, ont recours au sensationnalisme pour augmenter l’écoute et boucler les fins de mois.
Pour d’autres, la radiodiffusion n’est qu’une simple affaire de prestige dans la communauté. C’est pourquoi tel "businessman", qui patronne aujourd’hui un programme, peut se retrouver le surlendemain à animer celui-ci, moyennant l’achat d’un espace. La ligne éditoriale varie d’un programmeur à l’autre sur le 13-20. Et la polarisation Convergence/Lavalas (opposition et pouvoir en Haïti) est très marquée.
A côté du 13-20, une véritable expérience de radiodiffusion haïtienne se fait depuis tantôt deux ans avec Radio Carnival appartenant à un consortium haïtiano-américain dirigé par le docteur Rudolph Moïse. Cette station dispose d’une programmation régulière 24 heures sur 24 et recrute ses journalistes et animateurs parmi des professionnels ayant travaillé dans le temps dans des stations de radio en Haïti. Elle fait montre d’un souci de discipline et de rigueur.
Pour capter les programmes haïtiens quand vous êtes à Miami, il vous suffit d’avoir un récepteur-radio ordinaire. En revanche, pour écouter Radio Collective International émettant 24h sur 24, vous devez vous procurer un petit appareil spécial. A défaut de ce dernier, vous pouvez recevoir la RCI, dans certains quartiers de Miami, sur la bande AM. Radio Collective International, qui est une pionnière dans la radiodiffusion (haïtienne) à Miami, est dirigée par Carlot Monestime. Cette station diffuse chaque dimanche le magazine créole de Radio France International qui informe sur la caraïbe en général et Haïti en particulier.
Information, conseils sur la santé, sports, musique constituent l’essence des programmes radiophoniques haïtiens à Miami. Les "radios" haïtiennes (à Miami) rapportent généralement tout ce qui se passe en Haïti. Le plus souvent, les nouvelles les plus "brûlantes" sont mises à contribution dans des émissions lignes ouvertes. Pour s’approvisionner en informations, les "radios" haïtiennes à Miami se servent de correspondants basés en Haïti. La plupart d’entre elles relaient certains programmes des stations de radio localisées à Port-au-Prince.
Nous n’avons pas connaissance d’études mesurant la pénétration et l’impact des programmes haïtiens dans la communauté haïtienne à Miami, la deuxième plus forte communauté du point de vue démographique (environ 500 mille personnes), après la communauté cubaine. Cependant, on observe que, dès qu’un programmeur ouvre une ligne (téléphonique), les appels abondent.
Outre leur travail d’information, les "radios" haïtiennes savent se montrer très entreprenantes quand il est question de défendre des sans papiers haïtiens appréhendés. Et certains programmeurs participent tant soit peu à la vie de la communauté.
Sur le plan qualitatif, quelques professionnels arrivent à se faire remarquer. Mais ces efforts se soient dans l’amateurisme et le manichéisme ambiants. Le déficit de qualité et le trop plein de "bizarreries" viennent entre autres du fait que les "les acheteurs d’heures d’antenne" ne sont pas toujours des professionnels de la communication, à proprement parler. C’est comme le charcutier qui s’improvise chirurgien.