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Sécurité publique : Le Rnddh exige la poursuite des agents pénitentiaires, impliqués dans l’évasion du 22 octobre 2016 à l’Arcahaie (Haïti)

P-au-P, 14 nov. 2016 [AlterPresse] --- Le Réseau national de défense des droits humains (Rnddh) exhorte les autorités à poursuite les agents pénitentiaires, impliqués dans l’évasion survenue à la prison civile de l’Arcahaie (à 52 km au nord de Port-au-Prince), dans l’après-midi du samedi 22 octobre 2016, dans un rapport rendu public le 11 novembre 2016 et transmis à l’agence en ligne AlterPresse.

Le Rnddh recommande le transfert, aux autorités judiciaires, du dossier complet, relatif à cette évasion, pour la poursuite des agents impliqués.

Tous les anciens détenus, en cavale depuis le 22 octobre 2016, doivent être poursuivis, arrêtés et jugés, requiert-il.

Le Rnddh enjoint les autorités étatiques à informatiser le système de traitement des données des prisons en Haïti, à collecter les données biométriques des personnes en conflit avec la loi et à interconnecter les différentes composantes de la chaîne pénale.

Cette évasion spectaculaire, au cours de laquelle 174 prisonniers ont pu s’évader, a coûté la vie à un l’agent de la Direction de l’administration pénitentiaire (Dap), Fritz Gérald Fanéus, et au détenu Roméo Wood.

Deux jours avant l’évasion, des informations, sur un plan de mutinerie et d’évasion des détenus, ont été communiquées aux agents de la Dap, par le détenu Evens Barthelemy. Informaations, qui n’ont pas été acheminées aux supérieurs hiérarchiques, fait savoir le Rnddh.

Le niveau de sécurité de la prison n’a pas, non plus, été augmenté. Au contraire, il a été au plus faible, critiquele Réseau national de défense de droits humains, soulignant combien la majorité des agents pénitentiaires, présents ce jour-là, ne portaient pas leurs uniformes réguliers.

« Tous ceux, qui ont fait peu cas des informations, relatives à l’organisation de l’évasion, sont aujourd’hui responsables de l’assassinat du chef de poste du jour, l’Agent III Fritz Gérald Fanéus », considère le Rnddh.

Selon les détenus, plusieurs d’entre eux étaient au courant du plan d’évasion, qui se tramait, et savaient aussi que des armes avaient été introduites à la prison, avec l’aide d’un agent III de la Direction de l’administration pénitentiaire (Dap), Frantz Dorsainvil.

Ce dernier les a remises au détenu Yvener Carius, qui gardait les armes sous son oreiller.

Frantz Dorsainvil a été révoqué de l’institution policière, en 2004, pour comportements irresponsables et abandon de poste, sous le commandement de l’ancien directeur général de la Police nationale d’Haiti (Pnh), Mario Andrésol.

Le 1er octobre 2014, soit 10 ans après, il a réintégré l’institution policière.

Au moins un détenu, Evens Barthelemy, avait tenté de partager les informations, dont il disposait, avec les agents de la Dap, ont affirmée les prisonniers interrogés par le Rnddh.

Au lieu d’être entendu, Evens Barthelemy a été bastonné et envoyé en isolement.

Dans son rapport de 13 pages, le Rnddh expose les grandes lignes de son enquête et tente de reconstituer le déroulement de l’évasion du samedi 22 octobre 2016 à l’Arcahaie.

Fanéus a été abattu, de plusieurs balles à la tête, par le détenu Yvener Carius alias Kenny Carilus.

Carilus, qui avait écopé d’une peine de 15 ans d’emprisonnement - pour enlèvement, séquestration et association de malfaiteurs - ne restait que 3 ans à purger.

Le même Carilus avait préalablement participé à l’évasion, dans la matinée du dimanche 10 août 2014, de la prison civile de Croix-des-Bouquets (à une quinzaine de km au nord-est de Port-au-Prince).

Les autorités policières et pénitentiaires, dans leurs déclarations, se reprochent, respectivement, une passivité complice, qui a facilité cette évasion, selon le Rnddh, qui voit leur responsabilité pleine et entière (des autorités policières et judiciaires) dans ce qui s’est passé dans l’après-midi du samedi 22 octobre 2016 à l’Arcahaie.

D’une part, il n’existe aucun plan à suivre en cas d’évasion et d’émeute dans une prison : les agents de la Dap semblent avoir été surpris par le mouvement, mais n’ont rien pu faire concrètement.

D’autre part, les agents de la Pnh, affectés au commissariat de police de l’Arcahaie, n’ont pas su comment réagir. Il ressort de leurs déclarations, un effarement total, d’un côté comme de l’autre, signale le Réseau national de défense de droits humains (Rnddh). [am emb rc apr 14/11/2016 13:45]