P-au-P, 14 nov. 2016 [AlterPresse] --- Le Réseau national de défense des droits humains (Rnddh) condamne l’implication fréquente des autorités judiciaires, dans des cas de violations des droits humains, dans un rapport, en date du 8 novembre 2016 et dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
Au cours de l’année judiciaire écoulée, un des substituts du commissaire du gouvernement, près le tribunal de première instance de Port-au-Prince, Me Jeanty Souvenir, a battu un individu, sous prétexte d’immixtion de ce dernier dans une conversation, déplore le Rnddh, dans son rapport couvrant la période d’octobre 2015 à septembre 2016.
Des individus, indexés, comme étant des membres de gangs armés, par la population dans la commune de Côtes-de-Fer (Sud-Est), entretiennent des rapports privilégiés avec les juges de paix.
« Plusieurs cas, ayant défrayé la chronique, semblent ne pas trop intéresser les autorités judiciaires, en particulier, et la chaîne pénale, en général ».
Le Rnddh évoque le dossier de trois (3) jeunes femmes sourdes-muettes, Jésula Germain (Sophonie), Vanessa Préval et Monique Vincent, assassinées pour avoir été considérées comme étant des loups-garous. Un dossier, qui n’a pas avancé, malgré toutes les promesses des autorités judiciaires.
Les funérailles de ces trois femmes sourdes-muettes, assassinées dans la nuit du vendredi 18 mars 2016, à l’entrée de Cabaret (municipalité au nord de la capitale), ont été chantées le samedi 11 juin 2016 à Port-au-Prince.
« Les fondés de pouvoir constituent, au sein des tribunaux de paix, un problème crucial, du fait de leur comportement. Ils se sont mués en raquetteurs. Ils représentent, pour la plupart, de véritables couloirs de corruption entre les juges de paix et les justiciables ».
Les magistrats critiquent le fonctionnement des parquets et tribunaux de première Instance du pays, qui ne contribuent pas à une justice saine, signale le Rnddh.
« Rien n’est fait pour combattre la corruption, qui s’érige en système dans les différentes institutions étatiques. (…) Les garanties judiciaires des Haïtiennes et Haïtiens ne sont aucunement respectées », regrette-t-il.
Le Rnddh recommande de punir sévèrement les magistrats, impliqués dans des cas de violation de droits humains, et de les porter à travailler, rapidement et efficacement, sur des cas qui ont défrayé la chronique, comme celui relatif à l’assassinat crapuleux des trois jeunes femmes sourdes-muettes.
Il exhorte les autorités à fournir des moyens efficaces de travail à tous les magistrats, juges de paix, parquetiers et juges des tribunaux de première instance.
L’organisme de défense des droits humains appelle à rendre fonctionnels les annexes des tribunaux de paix, redéfinir le travail des fondés de Pouvoir et mettre en place des laboratoires scientifiques, appelés à aider les magistrats dans leurs instructions judiciaires.
Il faut également porter les magistrats à combattre effectivement la corruption, la détention préventive prolongée, en libérant, sans délai, tous ceux qui ont fini de purger leurs peines, et sensibiliser la population sur les cas de violences sexuelles, dont sont victimes les mineurs des deux (2) sexes, exige le Rnddh.
Il encourage à élaborer et mettre en œuvre une politique pénale, apte à répondre aux nombreuses exigences de la population haïtienne.
Il convient également de porter toutes celles et tous ceux, qui interviennent dans l’administration de la justice, à tout mettre en œuvre en vue de respecter, dans les plus infimes détails, le droit aux garanties judiciaires des Haïtiennes et Haïtiens. [emb rc apr 14/11/2016 12:15]